lundi 22 mars 2010

Enfants de Gaza

Publié le dimanche 21 mars 2010 sur le site info-palestine.net
par Ramón Pedregal Casanova - Rebelión

Un entretien avec Eisa Alsoweis, Presidente de l’Association des Amies et Amis de Palestine à Alcorcón (Madrid).


Les rares nouvelles qui parviennent à traverser le mur de silence des médias européens et américains sur la guerre qu’Israël a menée contre les Palestiniens dans la bande de Gaza, sont extrêmement alarmantes. Un moyen d’information au-delà du contrôle des sociétés de grands médias, des gouvernements et du lobby sioniste, ce sont les Palestiniens eux mêmes et les organisations de solidarité à travers le monde.

Cette fois, nous parlerons à Alsoweis Eisa Ahmad. Elle a été la Vice Présidente de l’Association de la communauté Hispanique-Palestinienne "Jérusalem", et préside actuellement l’Association des amies et amis de la Palestine dans le village madrilène Alcorcón.

Autour de cette époque, l’année dernière, le gouvernement d’Israël mettait fin à l’offensive militaire sur le territoire de Gaza, qui supporte depuis longtemps l’encerclement sioniste sans que, jusqu’à présent, aucun gouvernement en occident n’ait pris d’initiative d’y mettre fin, de s’y affronter, de le dénoncer avec énergie, ou entrepris une action de pression efficace sur Israël au niveau international.

Quelle est la situation international à l’égard d’Israël à un an du génocide israélo-sioniste contre la population de Gaza ?

Les gouvernements pratiquent le double standard. Nous vivons dans un monde qui sert des intérêts individuels et pas la dignité humaine, ou la justice universelle qui postule qu’un jour, nous serons tous égaux devant la loi. En Espagne on a modifié la loi pour ne pas déranger Israël ou ses criminels. Au lieu de ça on nous amène des Israéliens et des membres de l’Autorité palestinienne qui vendent de la paix. Le gouvernement espagnol soutient l’Autorité Palestinienne qui n’a aucune légitimité de son peuple. Pour la communauté internationale, donner de l’argent à l’Autorité Palestinienne est un moyen pour laver leur conscience, et l’Autorité Palestinienne "Al Fatah" utilise cet argent pour acheter des consciences et encourager le favoritisme politique dans la société palestinienne. En outre, le discours d’Obama lorsqu’il a pris le pouvoir n’était pas celui d’aujourd’hui. Il a maintenant oublié le conflit et ne parle que de l’impact de la crise économique.

Aujourd’hui, les enfants qui sont nés à Gaza : Que voient-il autour d’eux ?

La destruction, la dépression, l’amertume, la colère et la désintégration familiale. Par ailleurs beaucoup sont des orphelins. Ils doutent que les adultes pourraient changer la situation actuelle car les adultes ont ces mêmes symptômes.

Petit déjeuner, déjeuner, dîner, quelle est la nourriture dont ils disposent dans leur garde-manger ou dans leur réfrigérateur ?

Parler de réfrigérateur est un rêve, il n y a pas de courant électrique pour le faire marcher. Les repas qu’ils ont viennent des aides alimentaires internationales : un sac de farine, un de riz, quelques kilos de sucre et boîtes de conserve, et cela au moyen d’une liste destinée à chaque famille tout au long du mois. La viande n’est qu’un rêve pour une famille de Gaza. Je crois que le fait d’avoir de la nourriture pendant la journée est déjà considéré une grande chance.

Des coupures de courant et d’eau... Pourquoi est-ce que des ressources aussi essentielles dépendent d’Israël ?

C’est un business. Il ne nous est pas permis d’avoir des centrales électriques. On a déjà vu que la première chose qu’ils ont bombardé ont été les structures de base de la ville et que celles-ci dépendent directement d’eux. Les Palestiniens sont obligés de leur acheter l’électricité et l’eau, quant au prix, c’est Israël qui en décide. Du coup l’aide internationale sert à grossir les comptes des compagnies israéliennes.

Alors comment fait on pour survivre jour après jour dans les maisons, les camps de réfugiés, les écoles ou les hôpitaux ?

C’est de cela qu’il s ‘agit, survivre comme on peut, notre force réside dans notre détermination de continuer à lutter par tous les moyens dont nous disposons pour un jour avoir notre Etat Palestinien Libre et Démocratique.

Comment se fait l’enseignement des enfants palestiniens dans une ville assiégée ? De quels moyens disposent ils ?

Nos professeurs sont un exemple pour le reste du monde en ce qu’ils amènent leur enseignement aux foyers des enfants. Leur volonté de continuer à enseigner dans les pires conditions est admirée par tous les Palestiniens, puisqu’ils sont prêts à aller travailler dans les maisons des gens sans rien faire payer en retour, et puis on ne jette jamais un livre, on les passe les uns aux autres.

Dans quel état d’esprit et quelle condition alimentaire se trouvent les petites filles et les petits garçons palestiniens ?

Pour les enfants palestiniens la dépression et l’anxiété sont des choses de tous les jours. Vous pouvez imaginer dans quel état d’esprit ils se trouvent et quelle est leur nourriture, surtout si l’on considère que dans la plupart du temps, ils ne trouvent rien à porter à leur bouche.

Comment peut on aider la population de la ville assiégée depuis si loin ?

En rejoignant les mouvements sociaux pour exiger des gouvernements de forcer Israël à respecter le Droit International et de faire comparaître tous les responsables du gouvernement israélien devant les tribunaux internationaux pour les poursuivre pour leurs crimes contre le peuple palestinien.

Merci beaucoup à Alsoweis Eisa, Président de l’Association des amies et amis de la Palestine à Alcorcón (Madrid).

samedi 6 mars 2010

La force de dissuasion du Hezbollah

Le Hezbullah a menacé Israël de lui rendre coup pour coup s’il s’avisait de lancer une nouvelle guerre contre le Liban. Nasrallah a donné des détails sur de nouvelles possibilités en armements qui pourraient jouer un rôle dissuassif dans n’importe quelle nouvelle confrontation.

Combattant de la résistance libanaise


La récente bande annonce, sous-titrée en hébreu sur la chaîne télévisée Al-Manar avant les informations du soir, résume comment le Hizbullah anticipe - avec la nouvelle équation qui en découle - un conflit avec Israël : un bâtiment pour un bâtiment, une raffinerie de pétrole pour une raffinerie de pétrole, une usine pour une usine.

La déclaration faite dans un discours prononcé par Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hizbullah, mardi dernier à l’occasion de la journée de commémoration des Martyres du mouvement, n’indique peut-être rien de neuf. Lors de discours précédents, Nasrallah avait déjà envoyé des messages à peine codés au sujet de la capacité du mouvement de la résistance islamique à se confronter à n’importe quelle agression israélienne à venir contre le Liban. Néanmoins, il ne s’était jamais étendu sur le type d’armements en possession du Hizbullah. Mais cette fois-ci Nasrallah a donné des détails sur de nouvelles possibilités en armements qui pourraient jouer un rôle dissuassif dans n’importe quelle nouvelle confrontation. De plus pour la première fois, Nasrallah a fait un exposé complet du type de cibles israéliennes que le Hizbullah serait capable de frapper lors de prochains combats, faisant suggérer à beaucoup de personnes que Nasrallah a amené le conflit à un nouveau et sans précédent niveau.

« Je veux dire aux Israéliens la chose suivante : non seulement si vous frappez Dahiyeh nous frapperons Tel Aviv, mais si vous frappez l’aéroport international du martyre Rafik al-Hariri à Beyrouth, nous frapperons votre aéroport Ben-Gourion à Tel Aviv ; si vous frappez nos ports, nous frapperons les vôtres ; si vous frappez notre raffinerie de pétrole, nous frapperons les vôtres... si vous frappez un seul bâtiment dans Dahiyeh, nous en détruirons plusieurs à Tel Aviv, » a déclaré Nasrallah.

Nawaf Al-Musawi, député du Bloc de Loyauté à la Résistance au parlement libanais, a expliqué les préparatifs ayant conduit à la déclaration de Nasrallah. Cette déclaration dit-il est le fruit d’efforts méthodiques réalisés 24 heures sur 24 depuis la fin de la guerre de juillet en 2006 jusqu’à ce mois de février 2010 : « Des dizaines de milliers de combattants se sont entraînés pour porter la résistance à un niveau tel qu’Israël ne puisse prendre la moindre décision précipitée de lancer une guerre sans que cela s’avère suicidaire pour lui, » a expliqué Al-Musawi. La nouvelle équation posée par Nasrallah, poursuit Al-Musawi, est le début d’un nouveau chapitre dans le conflit israélo-arabe, car les menaces de guerre et d’agression proférées par Israël ne resteront plus sans réponse. Le Hizbullah, selon ses responsables, est bien mieux équipé aujourd’hui qu’il ne l’était en 2006. « Si les Israéliens pensent pouvoir nous causer plus de dommages, ils savent maintenant que nous pouvons aussi leur infliger plus de dégâts, » a déclaré au Times Sheikh Naim Qassim, secrétaire adjoint du Hizbullah.

Le discours de Nasrallah a été fait deux jours après que Samir Geagea, chef des Forces libanaises [fascistes libanais ayant dans la passé participé activement pour le compte des Israéliens aux massacres de Sabra et Chatila - N.d.T] et ancien seigneur de guerre, ait accusé le Hizbullah, dans un discours daté du 14 février de donner à l’Israël un prétexte pour lancer une guerre contre le Liban puisque le Hizbullah conservait son arsenal. Cette idée avait fait des émules, en particulier parmi les partis chrétiens de droite du bloc du 14 mars - le parti phalangiste et les forces libanaises. Nasrallah a répondu à cela en retournant l’accusation. « C’est une rhétorique très dangereuse parce qu’elle justifie absolument n’importe quelle agression israélienne et juge à l’avance la résistance [libanaise] responsable de n’importe quelle attaque israélienne. Est-ce un appel à une guerre israélienne contre le Liban ? Sommes-nous à nouveau dans les circonstances de 1982 ? Est-ce que certains s’imaginent qu’il n’y a aucune voie possible pour leurs rêves et leur espérances si ce n’est par une guerre israélienne contre le Liban ? C’est cela, la question, » a questionné Nasrallah avec force.

Geagea a répété sa position le lundi 21 février, dans une conférence de presse organisée pour répondre au discours de Nasrallah. Il a suggéré qu’ « il n’y avait aucune raison d’organiser une session censée aborder la question d’une stratégie unifiée de défense pour le Liban. » Nasrallah a exigé que l’Etat libanais et le gouvernement prennent clairement position face à pareils propos. Le Premier ministre libanais Saad Al-Hariri a répondu indirectement par un certain nombre de déclarations dans les journaux italiens et lors d’une visite au Vatican au cours de laquelle il a critiqué Israël et l’a accusé de menacer de guerre le Liban.

En tout cas, la dernière déclaration de Nasrallah a mis en évidence la naïveté de l’opinion qui domine dans les cercles intellectuels de Washington au sujet de la capacité des Etats-Unis à impliquer le Hizbullah dans des entretiens de bas niveau « en coopération avec les Anglais et tout en informant les Israéliens, » — comme le suggérait un observateur — pour finalement forcer le Hizbullah à la démilitarisation en suivant le même processus de désarmement que l’IRA [Irish Republican Army]. Cette vue, qui consiste à considérer l’armement du Hizbullah comme une menace non seulement pour Israël mais « pour le Liban », suppose qu’une des incitations possibles pour que le Hizbullah abandonne son arsenal soit un engagement israélien de s’abstenir d’attaquer le Liban si « le Hizbullah se soumettait à un processus de désarmement ». Mais pour le Hizbullah, qui estime que la communauté internationale a abandonné le Liban lors de la guerre 2006, une telle proposition ignore les réalités les plus élémentaires.

L’idée ci-dessus - telle qu’elle a été présentée par les analystes Steven Simon et Jonathan Stevenson du département américain des affaires étrangères en janvier - suggère que souscrire à un tel programme de démilitarisation fournirait au Hizbullah une immunité temporaire au cas où l’Israël « réalise une autre incursion, mieux calibrée ». Penser que le Hizbullah s’engagerait dans un tel processus de désarmement pour obtenir une immunité est la preuve de l’ignorance par ces deux analystes des capacités, en conviction et en calculs, du mouvement de résistance. Simon et Stevenson ont même lié ce processus de désarmement à la fourniture à l’armée libanaise d’armes américaines plus perfectionnées. Mais tout le monde est convaincu que les Etats-Unis ne fourniront jamais à l’armée libanaise d’armes pouvant représenter une menace pour Israël, ou même simplement empêcheraient les survols israéliens quotidiens qui violent la souveraineté libanaise.

Al-Musawi, se faisant le reflet de cette conviction, suggère que l’armée libananise s’oriente vers une coopération stratégique et militaire avec la Syrie et l’Iran.