vendredi 4 juin 2010

La Turquie « ne pardonnera jamais » à Israël !


Le président turc a déclaré que le raid militaire d’Israël contre les navires transportant de l’aide humanitaire destinée à la bande de Gaza, a causé d’« irréparables » dommages aux relations de son pays avec Israël et qu’il ne sera « jamais » pardonné.

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Scène de l’enterrement à Istanbul, jeudi 4 juin, de Necdet Yildirim, assassiné par les commandos israéliens.
Les noms des victimes
-  Ibrahim Bilgen
-  Ali Haydar Bengi
-  Cevdet Kiliçlar
-  Çetin Topçuoglu
-  Necdet Yildirim
-  Fahri Yaldiz
-  Cengiz Songür
-  Cengiz Akyüz
-  Furkan Dogan (citoyen des US)
« A partir de maintenant, les liens turco-israéliens ne seront jamais les mêmes. Cet incident a laissé une cicatrice profonde et irréparable », a déclaré Abdullah Gul dans un discours télévisé jeudi, alors que des milliers de personnes étaient rassemblées dans les rues d’Istanbul pour rendre hommage aux militants humanitaires assassinés durant l’assaut.
Le raid « est une chose qui ne peut être oubliée ... ou être recouverte ... la Turquie ne pardonnera jamais cette attaque », a-t-il dit.
Neuf personnes - huit Turcs et un ressortissant américain d’origine turque - ont été assassinés dans une attaque avant l’aube lundi, sur le navire Mavi Marmara qui transportait de l’aide destinée à Gaza pour tenter de forcer le blocus étouffant imposé par Israël sur le territoire.
Alors que les funérailles débutaient ce jeudi, des milliers de personnes ont envahi les rues autour de la mosquée Fatih à Istanbul, scandant des slogans condamnant Israël tout et brandissant des drapeaux turcs et palestiniens.
Les médias turcs ont estimé l’importance de la foule à entre 15 000 et 20 000 personnes, un reflet de la profondeur de la colère en Turquie après l’agression israélienne contre les navires.
Plusieurs Imams ont dirigé la prière du deuil, alors que les huit cercueils, drapés dans des drapeaux turcs et palestiniens, étaient placés sur des supports en marbre pour que les gens puissent venir rendre leurs derniers hommages.
Tués depuis le haut
Ces manifestations se déroulaient après que les experts turcs en médecine légale aient confirmé que les neuf militants avaient été tués par balles.
Jamal Elshayyal d’Al-Jazeera , qui faisait un reportage depuis le navire durant le raid, a confirmé que des balles réelles avaient été utilisées par les commandos israéliens qui ont pris d’assaut le navire.
Il a dit avoir assisté à certains de ces meurtres, et a confirmé que au moins « une personne a été tuée par un tir au sommet de la tête à partir d’un hélicoptère. »
Notre correspondant était sur le pont supérieur lorsque le navire a été attaqué et a déclaré que quelques minutes après avoir vu les hélicoptères israéliens, il y a eu des coups de feu venant du haut.
« Les premiers tirs [en provenance des bateaux israéliens] depuis la mer étaient des grenades lacrymogènes, des grenades assourdissantes et des balles en caoutchouc recouvertes d’acier. Les tirs à balles réelles ont commencé environ cinq minutes après. Il y a eu des coups de feu aussi bien depuis les airs que depuis la mer. »
Il a confirmé que certains passagers ont pris quelques-unes des barres de rambarde du navire afin de se défendre, alors qu’ils voyaient les soldats israéliens qui approchaient.
« Après les tirs et les premiers tués, les gens ont brandi des drapeaux blancs et des inscriptions en anglais et en hébreu. Un Israélien [sur le navire] a demandé aux soldats d’emporter les blessés, mais ils ont refusé et les blessés sont morts sur le navire. »
Les blessés rentrent en Turquie
Plus tôt ce matin, trois avions sanitaires ont atterri sur une base militaire à Ankara, la capitale turque, transportant les militants blessés qui ont été transférés vers les hôpitaux de la ville.
Des centaines de supporters, dont Bulent Arinc, vice-Premier Ministre turc et plusieurs autres responsables politiques turcs, étaient présents à l’aéroport d’Istanbul pour accueillir les militants.
Beaucoup brandissaient des drapeaux turcs et palestiniens et scandaient des slogans anti-israéliens.
« Ils ont fait face à la barbarie et à l’oppression, mais ils reviennent avec fierté », a dit Arinc devant les centaines de parents et de partisans en liesse à l’extérieur de l’aéroport et qui scandaient « Dieu est grand ! »
Une foule de plusieurs milliers de personnes était également rassemblée au centre d’Istanbul pour fêter le retour des militants.
Des responsables en Israël ont déclaré plus tôt qu’ils avaient libéré environ 700 militants, provenant de 42 pays, kidnappés à bord de la flottille d’aide humanitaire destinée à Gaza.
Plus de 100 militants, principalement venus des pays arabes, avaient été ramenés dans des autobus au pont Allenby en Jordanie ce mercredi.
Un avion transportant 31 militants grecs, ainsi que trois français et un Américain, a atterri à l’aéroport d’Athènes dans les premières heures de jeudi, selon ce qu’a déclaré le ministère israélien des affaires étrangères.
Sept militants blessés dans l’acte de piratage de lundi étaient toujours traités dans un hôpital israélien [leur état étant certainement trop grave pour qu’ils puissent être transportés].
Trois autres - un Irlandais et deux femmes venant d’Australie et d’Italie - sont restés en Israël « pour des raisons techniques », a-t-il été ajouté, sans plus de précisions.

lundi 22 mars 2010

Enfants de Gaza

Publié le dimanche 21 mars 2010 sur le site info-palestine.net
par Ramón Pedregal Casanova - Rebelión

Un entretien avec Eisa Alsoweis, Presidente de l’Association des Amies et Amis de Palestine à Alcorcón (Madrid).


Les rares nouvelles qui parviennent à traverser le mur de silence des médias européens et américains sur la guerre qu’Israël a menée contre les Palestiniens dans la bande de Gaza, sont extrêmement alarmantes. Un moyen d’information au-delà du contrôle des sociétés de grands médias, des gouvernements et du lobby sioniste, ce sont les Palestiniens eux mêmes et les organisations de solidarité à travers le monde.

Cette fois, nous parlerons à Alsoweis Eisa Ahmad. Elle a été la Vice Présidente de l’Association de la communauté Hispanique-Palestinienne "Jérusalem", et préside actuellement l’Association des amies et amis de la Palestine dans le village madrilène Alcorcón.

Autour de cette époque, l’année dernière, le gouvernement d’Israël mettait fin à l’offensive militaire sur le territoire de Gaza, qui supporte depuis longtemps l’encerclement sioniste sans que, jusqu’à présent, aucun gouvernement en occident n’ait pris d’initiative d’y mettre fin, de s’y affronter, de le dénoncer avec énergie, ou entrepris une action de pression efficace sur Israël au niveau international.

Quelle est la situation international à l’égard d’Israël à un an du génocide israélo-sioniste contre la population de Gaza ?

Les gouvernements pratiquent le double standard. Nous vivons dans un monde qui sert des intérêts individuels et pas la dignité humaine, ou la justice universelle qui postule qu’un jour, nous serons tous égaux devant la loi. En Espagne on a modifié la loi pour ne pas déranger Israël ou ses criminels. Au lieu de ça on nous amène des Israéliens et des membres de l’Autorité palestinienne qui vendent de la paix. Le gouvernement espagnol soutient l’Autorité Palestinienne qui n’a aucune légitimité de son peuple. Pour la communauté internationale, donner de l’argent à l’Autorité Palestinienne est un moyen pour laver leur conscience, et l’Autorité Palestinienne "Al Fatah" utilise cet argent pour acheter des consciences et encourager le favoritisme politique dans la société palestinienne. En outre, le discours d’Obama lorsqu’il a pris le pouvoir n’était pas celui d’aujourd’hui. Il a maintenant oublié le conflit et ne parle que de l’impact de la crise économique.

Aujourd’hui, les enfants qui sont nés à Gaza : Que voient-il autour d’eux ?

La destruction, la dépression, l’amertume, la colère et la désintégration familiale. Par ailleurs beaucoup sont des orphelins. Ils doutent que les adultes pourraient changer la situation actuelle car les adultes ont ces mêmes symptômes.

Petit déjeuner, déjeuner, dîner, quelle est la nourriture dont ils disposent dans leur garde-manger ou dans leur réfrigérateur ?

Parler de réfrigérateur est un rêve, il n y a pas de courant électrique pour le faire marcher. Les repas qu’ils ont viennent des aides alimentaires internationales : un sac de farine, un de riz, quelques kilos de sucre et boîtes de conserve, et cela au moyen d’une liste destinée à chaque famille tout au long du mois. La viande n’est qu’un rêve pour une famille de Gaza. Je crois que le fait d’avoir de la nourriture pendant la journée est déjà considéré une grande chance.

Des coupures de courant et d’eau... Pourquoi est-ce que des ressources aussi essentielles dépendent d’Israël ?

C’est un business. Il ne nous est pas permis d’avoir des centrales électriques. On a déjà vu que la première chose qu’ils ont bombardé ont été les structures de base de la ville et que celles-ci dépendent directement d’eux. Les Palestiniens sont obligés de leur acheter l’électricité et l’eau, quant au prix, c’est Israël qui en décide. Du coup l’aide internationale sert à grossir les comptes des compagnies israéliennes.

Alors comment fait on pour survivre jour après jour dans les maisons, les camps de réfugiés, les écoles ou les hôpitaux ?

C’est de cela qu’il s ‘agit, survivre comme on peut, notre force réside dans notre détermination de continuer à lutter par tous les moyens dont nous disposons pour un jour avoir notre Etat Palestinien Libre et Démocratique.

Comment se fait l’enseignement des enfants palestiniens dans une ville assiégée ? De quels moyens disposent ils ?

Nos professeurs sont un exemple pour le reste du monde en ce qu’ils amènent leur enseignement aux foyers des enfants. Leur volonté de continuer à enseigner dans les pires conditions est admirée par tous les Palestiniens, puisqu’ils sont prêts à aller travailler dans les maisons des gens sans rien faire payer en retour, et puis on ne jette jamais un livre, on les passe les uns aux autres.

Dans quel état d’esprit et quelle condition alimentaire se trouvent les petites filles et les petits garçons palestiniens ?

Pour les enfants palestiniens la dépression et l’anxiété sont des choses de tous les jours. Vous pouvez imaginer dans quel état d’esprit ils se trouvent et quelle est leur nourriture, surtout si l’on considère que dans la plupart du temps, ils ne trouvent rien à porter à leur bouche.

Comment peut on aider la population de la ville assiégée depuis si loin ?

En rejoignant les mouvements sociaux pour exiger des gouvernements de forcer Israël à respecter le Droit International et de faire comparaître tous les responsables du gouvernement israélien devant les tribunaux internationaux pour les poursuivre pour leurs crimes contre le peuple palestinien.

Merci beaucoup à Alsoweis Eisa, Président de l’Association des amies et amis de la Palestine à Alcorcón (Madrid).

samedi 6 mars 2010

La force de dissuasion du Hezbollah

Le Hezbullah a menacé Israël de lui rendre coup pour coup s’il s’avisait de lancer une nouvelle guerre contre le Liban. Nasrallah a donné des détails sur de nouvelles possibilités en armements qui pourraient jouer un rôle dissuassif dans n’importe quelle nouvelle confrontation.

Combattant de la résistance libanaise


La récente bande annonce, sous-titrée en hébreu sur la chaîne télévisée Al-Manar avant les informations du soir, résume comment le Hizbullah anticipe - avec la nouvelle équation qui en découle - un conflit avec Israël : un bâtiment pour un bâtiment, une raffinerie de pétrole pour une raffinerie de pétrole, une usine pour une usine.

La déclaration faite dans un discours prononcé par Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hizbullah, mardi dernier à l’occasion de la journée de commémoration des Martyres du mouvement, n’indique peut-être rien de neuf. Lors de discours précédents, Nasrallah avait déjà envoyé des messages à peine codés au sujet de la capacité du mouvement de la résistance islamique à se confronter à n’importe quelle agression israélienne à venir contre le Liban. Néanmoins, il ne s’était jamais étendu sur le type d’armements en possession du Hizbullah. Mais cette fois-ci Nasrallah a donné des détails sur de nouvelles possibilités en armements qui pourraient jouer un rôle dissuassif dans n’importe quelle nouvelle confrontation. De plus pour la première fois, Nasrallah a fait un exposé complet du type de cibles israéliennes que le Hizbullah serait capable de frapper lors de prochains combats, faisant suggérer à beaucoup de personnes que Nasrallah a amené le conflit à un nouveau et sans précédent niveau.

« Je veux dire aux Israéliens la chose suivante : non seulement si vous frappez Dahiyeh nous frapperons Tel Aviv, mais si vous frappez l’aéroport international du martyre Rafik al-Hariri à Beyrouth, nous frapperons votre aéroport Ben-Gourion à Tel Aviv ; si vous frappez nos ports, nous frapperons les vôtres ; si vous frappez notre raffinerie de pétrole, nous frapperons les vôtres... si vous frappez un seul bâtiment dans Dahiyeh, nous en détruirons plusieurs à Tel Aviv, » a déclaré Nasrallah.

Nawaf Al-Musawi, député du Bloc de Loyauté à la Résistance au parlement libanais, a expliqué les préparatifs ayant conduit à la déclaration de Nasrallah. Cette déclaration dit-il est le fruit d’efforts méthodiques réalisés 24 heures sur 24 depuis la fin de la guerre de juillet en 2006 jusqu’à ce mois de février 2010 : « Des dizaines de milliers de combattants se sont entraînés pour porter la résistance à un niveau tel qu’Israël ne puisse prendre la moindre décision précipitée de lancer une guerre sans que cela s’avère suicidaire pour lui, » a expliqué Al-Musawi. La nouvelle équation posée par Nasrallah, poursuit Al-Musawi, est le début d’un nouveau chapitre dans le conflit israélo-arabe, car les menaces de guerre et d’agression proférées par Israël ne resteront plus sans réponse. Le Hizbullah, selon ses responsables, est bien mieux équipé aujourd’hui qu’il ne l’était en 2006. « Si les Israéliens pensent pouvoir nous causer plus de dommages, ils savent maintenant que nous pouvons aussi leur infliger plus de dégâts, » a déclaré au Times Sheikh Naim Qassim, secrétaire adjoint du Hizbullah.

Le discours de Nasrallah a été fait deux jours après que Samir Geagea, chef des Forces libanaises [fascistes libanais ayant dans la passé participé activement pour le compte des Israéliens aux massacres de Sabra et Chatila - N.d.T] et ancien seigneur de guerre, ait accusé le Hizbullah, dans un discours daté du 14 février de donner à l’Israël un prétexte pour lancer une guerre contre le Liban puisque le Hizbullah conservait son arsenal. Cette idée avait fait des émules, en particulier parmi les partis chrétiens de droite du bloc du 14 mars - le parti phalangiste et les forces libanaises. Nasrallah a répondu à cela en retournant l’accusation. « C’est une rhétorique très dangereuse parce qu’elle justifie absolument n’importe quelle agression israélienne et juge à l’avance la résistance [libanaise] responsable de n’importe quelle attaque israélienne. Est-ce un appel à une guerre israélienne contre le Liban ? Sommes-nous à nouveau dans les circonstances de 1982 ? Est-ce que certains s’imaginent qu’il n’y a aucune voie possible pour leurs rêves et leur espérances si ce n’est par une guerre israélienne contre le Liban ? C’est cela, la question, » a questionné Nasrallah avec force.

Geagea a répété sa position le lundi 21 février, dans une conférence de presse organisée pour répondre au discours de Nasrallah. Il a suggéré qu’ « il n’y avait aucune raison d’organiser une session censée aborder la question d’une stratégie unifiée de défense pour le Liban. » Nasrallah a exigé que l’Etat libanais et le gouvernement prennent clairement position face à pareils propos. Le Premier ministre libanais Saad Al-Hariri a répondu indirectement par un certain nombre de déclarations dans les journaux italiens et lors d’une visite au Vatican au cours de laquelle il a critiqué Israël et l’a accusé de menacer de guerre le Liban.

En tout cas, la dernière déclaration de Nasrallah a mis en évidence la naïveté de l’opinion qui domine dans les cercles intellectuels de Washington au sujet de la capacité des Etats-Unis à impliquer le Hizbullah dans des entretiens de bas niveau « en coopération avec les Anglais et tout en informant les Israéliens, » — comme le suggérait un observateur — pour finalement forcer le Hizbullah à la démilitarisation en suivant le même processus de désarmement que l’IRA [Irish Republican Army]. Cette vue, qui consiste à considérer l’armement du Hizbullah comme une menace non seulement pour Israël mais « pour le Liban », suppose qu’une des incitations possibles pour que le Hizbullah abandonne son arsenal soit un engagement israélien de s’abstenir d’attaquer le Liban si « le Hizbullah se soumettait à un processus de désarmement ». Mais pour le Hizbullah, qui estime que la communauté internationale a abandonné le Liban lors de la guerre 2006, une telle proposition ignore les réalités les plus élémentaires.

L’idée ci-dessus - telle qu’elle a été présentée par les analystes Steven Simon et Jonathan Stevenson du département américain des affaires étrangères en janvier - suggère que souscrire à un tel programme de démilitarisation fournirait au Hizbullah une immunité temporaire au cas où l’Israël « réalise une autre incursion, mieux calibrée ». Penser que le Hizbullah s’engagerait dans un tel processus de désarmement pour obtenir une immunité est la preuve de l’ignorance par ces deux analystes des capacités, en conviction et en calculs, du mouvement de résistance. Simon et Stevenson ont même lié ce processus de désarmement à la fourniture à l’armée libanaise d’armes américaines plus perfectionnées. Mais tout le monde est convaincu que les Etats-Unis ne fourniront jamais à l’armée libanaise d’armes pouvant représenter une menace pour Israël, ou même simplement empêcheraient les survols israéliens quotidiens qui violent la souveraineté libanaise.

Al-Musawi, se faisant le reflet de cette conviction, suggère que l’armée libananise s’oriente vers une coopération stratégique et militaire avec la Syrie et l’Iran.

jeudi 25 février 2010

L’armée israélienne d’occupation kidnappe de nombreux Palestiniens en Cisjordanie


Les forces d’occupation israéliennes ont lancé des raids à l’aube aujourd’hui dans différentes villes de la Cisjordanie et kidnappé 11 Palestiniens.



Les forces d’occupation ont bouclé le passage par le poste de contrôle de Hawara au sud de Naplouse et ont enlevé un ressortissant palestinien et immobilisé des dizaines de véhicules.

Des témoins visuels de Naplouse ont déclaré que les forces israéliennes avaient arrêté un véhicule palestinien, pris les cartes d’identité des passagers et ensuite kidnappé l’un d’entre eux sans donner de motif. Son identité n’est pas connue. Après avoir pris le jeune homme, les soldats israéliens ont réouvert la barrière.

Des sources locales ont fait savoir qu’une force importante des forces d’occupation israéliennes avait attaqué plusieurs autres villes et villages de la Cisjordanie, envahissant plusieurs maisons et enlevant 10 personnes. Ces Palestiniens ont été emmenés vers une destination inconnue.

Les mêmes sources ajoutent que « les forces d’occupation israéliennes ont kidnappé six Palestiniens de Bethléem, deux près de Ramallah, l’une de Jénine et un autre de Tulkarem ».

A Tulkarem, plusieurs véhicules militaires ont pris d’assaut la ville à l’aube et ont attaqué un bâtiment du centre-ville. Ils ont pris un citoyen, tandis qu’était mis en place un checkpoint dans le village de Shufa.

Des témoins ont déclaré que « les soldats israéliens ont encerclé un bâtiment au sud de la ville et ont pris d’assaut la maison d’Omar Blidi, le directeur de Kol Al-Nas [’Tout le monde’], un station radio locale. Ils l’ont enchaîné et l’ont emmené à un endroit inconnu ».

Des témoins ont déclaré que les soldats israéliens ont également mis en place un checkpoint à l’aube aujourd’hui entre Tulkarem et Shufa. Il est resté en place pendant toute la matinée, mais aucun kidnapping n’a été signalé.

À Naplouse, les forces israéliennes ont enlevé un jeune homme au point de contrôle militaire de Hawara alors qu’il était en route hors de la ville.

À Bethléem, les forces d’occupation israéliennes ont encerclé une certain nombre de maisons dans la ville de Doha et ont tiré des grenades assourdissantes. Ils ont ordonné aux habitants de sortir de leurs maisons, avant de kidnapper six jeunes hommes et de les emmener vers une destination inconnue.

L’armée israélienne a affirmé que pendant la rafle de Dheisheh, au sud de Bethléem, plusieurs bombes artisanales avaient été lancées sur des soldats israéliens, mais sans exploser. Les soldats auraient riposté en tirant en l’air, sans provoquer de blessures.

mardi 16 février 2010

lundi 15 février 2010

Israël et le mépris du droit international

Bil’in : Le nouveau tracé du mur permettra aux habitants de récupérer une partie de leurs terres confisquées par la construction de la barrière (tant mieux pour ceux qui vont retrouver une parcelle de ce qui leur appartient. L’eau, spoliée par Israël, suivra-t-elle ? Nous verrons). Ce qui est sûr, c’est que décrire ce fait comme une victoire du droit est mépriser le droit.

Soudaine agitation médiatique autour de l’armée d’Israël qui aurait commencé à exécuter un arrêt de la Haute Cour de Justice de septembre 2007 demandant de modifier le tracé d’un segment du mur érigé en Cisjordanie, près du village de Bil’in. « Nous avons proposé un nouveau tracé de la barrière approuvé par la Cour suprême. Les travaux sont en cours », a déclaré à l’AFP le porte-parole du ministère de la Défense, Shlomo Dror. Le nouveau tracé permettra à des habitants de Bil’in de récupérer une partie de leurs terres confisquées par la construction de la barrière. Tant mieux pour ceux qui vont retrouver une parcelle de ce qui leur appartient. L’eau, spoliée par Israël, suivra-t-elle ? Nous verrons.

Ce qui est sûr, c’est que décrire ce fait comme une victoire du droit est mépriser le droit. Parce que de ce point de vue, tout est bien clair : ce n’est pas telle ou telle portion du mur qui est illégale, mais le mur dans son ensemble. Et çà, c’est la plus haute juridiction du la planète qui l’a déclaré, la Cour internationale de Justice, dans son avis du 9 juillet 2004 : le mur est implanté en dehors des frontières reconnues d’Israël, et il caractérise une politique d’annexion de territoires par la force armée.

1. Données de fait
1.1. Le mur
Quand Le Nouvel Obs s’intéresse au sujet, il parle « barrière de sécurité ». Rappelons donc quelques faits.

Le 14 avril 2002, le conseil des ministres israélien a adopté une décision prévoyant la construction d’ouvrages formant, selon Israël, une « barrière de sécurité » sur 80 kilomètres dans trois secteurs de la Cisjordanie. Les travaux ont été engagés par trois séries de décisions, en juin, août et décembre 2002, et au final, le 1er octobre 2003, le conseil des ministres a adopté un tracé complet formant une ligne continue qui s’étendant sur une distance de 720 kilomètres le long de la Cisjordanie.

La « barrière de sécurité » qu’a repérée Le Nouvel Obs comprend :

une clôture équipée de détecteurs électroniques ;
un fossé, pouvant atteindre 4 mètres de profondeur ;
une route de patrouille asphaltée à deux voies ;
une route de dépistage, en sable fin, pour repérer toute trace de passage ;
six boudins de barbelés empilés qui marquent le périmètre des installations.

L’ouvrage a une largeur de 50 à 70 mètres, mais peut atteindre 100 mètres à certains endroits. Des barrières dites « avancées » peuvent s’ajouter à ce dispositif.

La longueur prévue du mur est de 703 kilomètres. On estime qu’à la fin des travaux, quelque 60 500 Palestiniens de Cisjordanie de 42 villages et agglomérations vivront dans la zone d’accès réglementé entre le mur et la Ligne verte. Plus de 500 000 Palestiniens vivent à un kilomètre maximum du mur, du côté est, et doivent le traverser pour aller aux champs ou au travail et rester en relation avec leur famille. Le mur se trouve à 80 % en territoire palestinien et, pour englober le bloc de colonies d’Ariel, il s’avance sur 22 kilomètres en Cisjordanie. Dans la zone d’accès réglementé se trouve une bonne partie des ressources en eau les plus précieuses de Cisjordanie (Rapport John Dugard, A/HRC/4/17, 29 janvier 2007, par. 24 et 25).

1.2. Mise en place d’un régime administratif nouveau
La construction du mur s’est accompagnée de la mise sur pied d’un régime administratif nouveau.

Les forces de défense israéliennes ont en effet édicté en octobre 2003 des ordonnances établissant comme « zone fermée » la partie de la Cisjordanie qui se trouve entre la Ligne verte et le mur. Les résidents de cette zone ne peuvent désormais y demeurer et les non-résidents, y accéder, que s’ils sont porteurs d’un permis ou d’une carte d’identité délivrés par les autorités israéliennes. Selon le rapport du Secrétaire général, la plupart des résidents ont reçu des permis pour une durée limitée. Les citoyens israéliens, les résidents permanents en Israël et les personnes admises à immigrer en Israël en vertu de la loi du retour peuvent demeurer dans la zone fermée, s’y déplacer librement et en sortir sans avoir besoin de permis. L’entrée et la sortie de la zone fermée ne peuvent être opérées que par des portes d’accès qui sont ouvertes peu fréquemment et pour de courtes durées (CIJ, par. 85).

La construction du mur a entraîné la destruction ou la réquisition de propriétés dans des conditions contraires aux prescriptions des articles 46 et 52 du règlement de La Haye de 1907 et de l’article 53 de la quatrième convention de Genève (CIJ, par. 130).

1.3. Conséquences économiques et sociales
Cette construction, la création d’une zone fermée entre la Ligne verte et le mur, et la constitution d’enclaves ont par ailleurs apporté des restrictions importantes à la liberté de circulation des habitants du territoire palestinien occupé, à l’exception des ressortissants israéliens et assimilés » ( Rapport John Dugard, E/CN.4/2004/6, 8 septembre 2003, par. 9).

II en est aussi résulté de sérieuses répercussions pour la production agricole, comme cela est attesté par plusieurs sources. Le rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés par Israël depuis 1967 indique pour sa part que « La plupart des terres palestiniennes se trouvant du côté israélien du mur sont des terres agricoles fertiles et on y trouve certains des puits les plus importants de la région. (...). Les Palestiniens qui habitent entre le mur et la Ligne verte ne pourront plus accéder à leurs terres ni à leur lieu de travail, aux écoles, aux hôpitaux et autres services sociaux » (Rapport John Dugard E/CN.4/2004/6, 8 septembre 2003, par. 9).

Le rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation de la Commission des droits de l’homme des Nations-Unies, il constate que « la construction du mur coupe les Palestiniens de leurs terres agricoles, de leurs puits et de leurs moyens de subsistance » (Rapport Ziegler, E/CN.4/2004/10/Add.2, 31 octobre 2003, par. 49).

Une enquête du Programme alimentaire mondial précise que cette situation a aggravé l’insécurité alimentaire dans la région, qui compterait 25 000 nouveaux bénéficiaires d’aide alimentaire : « Il en résulte en outre, pour les populations concernées, des difficultés croissantes d’accès aux services de santé, ainsi qu’aux établissements scolaires et à l’approvisionnement primaire en eau, constat également corroboré par diverses sources d’information. Selon le Bureau central de statistique palestinien, la barrière a, à ce jour, coupé 30 localités des services de santé, 22 des établissements scolaires, 8 des sources primaires d’eau et 3 du réseau électrique » (CIJ, par 133).

Concernant plus particulièrement l’accès aux ressources en eau, le rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation de la Commission des droits de l’homme relève que « en construisant la clôture, Israël annexera aussi de fait la plus grande partie de la nappe phréatique occidentale, qui fournit 51 %, des ressources en eau de la Cisjordanie » (Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation, E/CN.4/2004/10/Add.2, 31 octobre 2003, par. 51).

A Qalqiliya, selon des rapports fournis aux Nations-Unies, environ 600 négoces ou entreprises ont dû fermer leurs portes et 6 000 à 8 000 personnes ont déjà quitté la région. Le rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation de la Commission des droits de l’homme a relevé que « le mur coupant les communautés de leurs terres et de leur eau sans leur donner d’autres moyens de subsistance, nombreux sont les Palestiniens habitant dans ces régions qui seront obligés de partir » (E/CN.4/2004/6, 8 septembre 2003, par. 10 ; E/CN.4/2004/10/Add.2, 31 octobre 2003, par. 51).

2. Analyse juridique
2.1. Illégalité de principe du fit de la volonté d’annexion
C’est dans ces conditions que la Cour internationale de Justice retient une illégalité de principe, car il concrétise une annexion de territoires et son emplacement ne peut être justifié par des raisons de sécurité.

Au total, de l’avis de la Cour, la construction du mur et le régime qui lui est associé entravent la liberté de circulation des habitants du territoire palestinien occupé, à l’exception des ressortissants israéliens et assimilés, telle que garantie par le paragraphe 1 de l’article 12 du pacte international relatif aux droits civils et politiques. Ils entravent également l’exercice par les intéressés des droits au travail, à la santé, à l’éducation et à un niveau de vie suffisant tels que proclamés par le pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et la convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant. Enfin, la construction du mur et le régime qui lui est associé, en contribuant aux changements démographiques auxquels il est fait référence aux paragraphes 122 et 133 ci-dessus, sont contraires au sixième alinéa de l’article 49 de la quatrième convention de Genève et aux résolutions du Conseil de sécurité rapportées au paragraphe 120 ci-dessus. » (CIJ, par 134).

Le mur n’est pas construit pour des raisons de sécurité, mais pour l’annexion des territoires occupés. La Haute Cour de justice israélienne a pris acte elle-même de la réalité du motif.

Pour la CIJ, il s’agit de modifier la composition démographique du territoire palestinien occupé : « Puisque la construction du mur et le régime qui lui est associé ont déjà obligé un nombre significatif de Palestiniens à quitter certaines zones - processus qui se poursuivra avec l’édification de nouveaux tronçons du mur , cette construction, combinée a l’établissement des colonies de peuplement mentionné au paragraphe 120 ci-dessus, tend à modifier la composition démographique du territoire palestinien occupé » (CIJ, par. 133).

La Cour a conclu que la construction du mur est un acte non conforme à diverses obligations juridiques internationales incombant à Israël. La tracé du mur établit la volonté d’annexion.

Au total, la Cour, au vu du dossier, n’est pas convaincue que la poursuite des objectifs de sécurité avancés par Israël nécessitait l’adoption du tracé choisi pour le mur. Le mur tel que tracé et le régime qui lui est associé portent atteinte de manière grave à de nombreux droits des Palestiniens habitant dans le territoire occupé par Israël sans que les atteintes résultant de ce tracé puissent être justifiées par des impératifs militaires ou des nécessités de sécurité nationale ou d’ordre public. La construction d’un tel mur constitue dès lors une violation par Israël de diverses obligations qui lui incombent en vertu des instruments applicables de droit international humanitaire et des droits de l’homme (CIJ, par 137).

Nul ne peut plus démentir sérieusement qu’Israël, en construisant le mur, cherche à s’approprier les terrains bordant les colonies de Cisjordanie et à inclure ces colonies à l’intérieur de ses frontières : le fait que 76 % des colons de Cisjordanie sont protégés par le mur suffit à le prouver.

2.2. Rejet de l’exception de légitime défense présentée par l’Etat d’Israël
Selon l’article 51 de la Charte des Nations-Unies : aucune disposition de la présente Charte ne porte atteinte au droit naturel de légitime défense, individuelle ou collective, dans le cas où un membre des Nations-Unies est l’objet d’une agression armée, jusqu’à ce que le Conseil de sécurité ait pris les mesures nécessaires pour maintenir la paix et la sécurité internationales.

Le représentant permanent d’Israël auprès des Nations-Unies a fait valoir devant l’Assemblée générale, le 20 octobre 2003, que « la barrière est une mesure tout à fait conforme au droit de légitime défense des Etats ... consacré par l’article 51 de la Charte » ; il a ajouté que ces résolutions « ont reconnu clairement le droit des Etats au recours à la force en cas de légitime défense contre les attentats terroristes » et qu’elles reconnaissent par conséquent le droit de recourir à cette fin à des mesures n’impliquant pas l’emploi de la force » (AIES-IO/ PV.21, p. 6).

La CIJ a écarté l’argument

L’article 51 de la Charte reconnaît ainsi l’existence d’un droit naturel de légitime défense en cas d’agression armée par un Etat contre un autre Etat. Toutefois, Israël ne prétend pas que les violences dont il est victime soient imputables à un Etat étranger.

La Cour note par ailleurs qu’Israël exerce son contrôle sur le territoire palestinien occupé et que, comme Israël l’indique lui-même, la menace qu’il invoque pour justifier la construction du mur trouve son origine à l’intérieur de ce territoire, et non en dehors de celui-ci. Cette situation est donc différente de celle envisagée par les résolutions 1368 (2001) et 1373 (2001) du Conseil de sécurité, et de ce fait Israël ne saurait en tout état de cause invoquer ces résolutions au soutien de sa prétention à exercer un droit de légitime défense (CIJ, par 139).

Analyse simple : Israël a le droit de protéger son territoire, par un mur qui serait installé à l’intérieur de son territoire. Pas sur la terre des Palestiniens. En conséquence, la Cour conclut que l’article 51 de la Charte est sans pertinence au cas particulier.

Conclusion

Les décisions de la Haute Cour de justice sont nulles et non avenues, car elles reposent sur des arguments soutenus devant la Cour internationale de Justice, et qui ont tous été écartés par la Cour. Il s’agit d’une réécriture du droit qui a pour seul objectif de donner une justification à la politique colonialiste du gouvernement israélien. Nous avons ici une décision alibi, rendue en ignorant ce qu’a dit la CIJ, et qui veut nous faire croire qu’Israël est un Etat de droit. Non, c’est seulement un simulacre. Le droit de la Haute Cour de Justice est une perversion du droit, au service d’une violence qui consiste à s’emparer du bien d’autrui par la force.

jeudi 4 février 2010

Effets des armes israéliennes : les malformations à la naissance en augmentation à Gaza


Bien qu’israël ait interrompu son « Opération « Cast Lead » fin Janvier 2009, ses effets sont encore apparents et se feront encore sentir pendant les décennies à venir.

Photo : Palestine Telegraph
Des médecins de la ville de Gaza font état d’une augmentation alarmante des malformations congénitales chez les femmes ayant été exposées au phosphore blanc et à d’autres produits chimiques utilisées dans les armes israéliennes.

Dalal Al-Agh, une femme habitant le quartier Al-Tofah dans la ville de Gaza, a récemment donné naissance à un bébé malformé à l’hôpital Al-Shifa. Le nourrisson a des difficultés à respirer, ses bras sont trop courts, et ses pieds et son nez sont plats. Il pèse à peine quatre livres et il a été pris en charge par l’unité néonatale de soins intensifs.

Les médecins ont observé que la mère du nourrisson malformé vivait dans le quartier d’Al-Tofah dans Gaza, lequel a été attaqué par les Israéliens avec des bombes au phosphore blanc pendant la dernière guerre. Ils en déduisent que les défauts à la naissance sont la conséquence directe de l’exposition à ce produit chimique, qui selon les groupes de défense des droits humains, ne devraient pas être utilisés dans des zones densément peuplées de civils.

Le docteur Thabet Al-Masri, chef du Département des soins intensifs néonatals à Al-Shifa, a fourni les statistiques de son unité, montrant une augmentation des malformations congénitales depuis l’invasion israélienne de l’an dernier. Malheureusement, il n’existe pas de statistiques disponibles pour l’ensemble des hôpitaux de la bande de Gaza ou même de la ville de Gaza, a-t-il ajouté.

Environ 40 000 bébés naissent chaque année dans la bande de Gaza, dont 12 à 13 000 voient le jour à l’hôpital Al-Shifa.

Le tableau ci-dessous montre le pourcentage d’enfants nés à Al-Shifa avec des malformations congénitales au cours de la période Juillet-Septembre 2009, comparé à 2008. De toute évidence, il y a eu une augmentation des malformations :

Juillet-août 2008 : 0,7 %
Septembre 2008 : 0,8 %

Juillet 2009 : 1 %
Août 2009 : 1,2 %
Septembre 2009 : 1,2 %

Le nombre d’enfants malformés morts dans les services de soins intensifs a également sensiblement augmenté de 2008 à 2009.

En ce qui concerne les raisons de cette augmentation des anomalies congénitales chez les nourrissons de Gaza, le Dr Thabet accusent des agents à la fois à la fois génétiques et environnementaux. Outre l’exposition de la mère au phosphore blanc pendant les premiers mois de la grossesse, d’autres facteurs environnementaux comprennent les radiations et les gaz utilisés dans les armes employées par Israël dans sa guerre contre Gaza.

Un des enfants difformes, dont le nom n’a pas été divulgué, a quitté les soins intensifs après une opération chirurgicale, mais il y est ensuite retourné en raison d’un dysfonctionnement respiratoire.

En Décembre, l’association Al Dameer de défense des droits de l’homme a publié un document intitulé : « La santé et les problèmes environnementaux dans la bande de Gaza conduisent à une augmentation du nombre de bébés nés avec des malformations congénitales, à des avortements et à des maladies cancéreuses dues à l’utilisation par l’armée israélienne de produits radioactifs et de matières toxiques au cours de sa dernière offensive contre le territoire. »

Montrant la forte augmentation des malformations à la naissance, le document conclut qu’Israël est responsable d’une catastrophe écologique et sanitaire dans la Bande de Gaza.

Selon un responsable au ministère de la Santé à Gaza, une étude sera lancée prochainement pour analyser l’augmentation des défauts à la naissance à partir de 2005 (année où les premières données sont disponibles) jusqu’à 2009, juste après la dernière guerre israélienne contre Gaza. Il a ajouté que les résultats de la recherche pourraient être publiés d’ici la fin février.

jeudi 28 janvier 2010

Une nouvelle entrave à l’action humanitaire dans les Territoires palestiniens

Le gouvernement israélien vient de prendre la décision de ne plus accorder de permis de travail pour les ONG internationales opérant dans les Territoires palestiniens.
Seul un visa de touriste sera dorénavant délivré à leurs équipes sur place. Ce type de visa interdit le travail en Israël et ne l’autorise pas formellement dans les Territoires palestiniens. Il est de plus délivré avec des durées allant d’une semaine à un an, ce de façon totalement aléatoire. Une centaine d’ONG est directement concernée. Cette nouvelle mesure israélienne remet en cause leur mission humanitaire dans les Territoires palestiniens et aura une influence désastreuse sur le sort des populations.

Jérusalem, que l’Etat d’Israël considère comme territoire national, est directement visé. L’interdiction de travailler en Israël signifie pour les ONG internationales l’impossibilité de mener toute forme d’action humanitaire depuis et à Jérusalem-Est, territoire palestinien selon le droit international. L’objectif israélien est clair : pousser ces organisations vers Ramallah et sceller ainsi l’isolement de Jérusalem-Est du reste de la Cisjordanie.

Le gouvernement israélien entretient le flou face aux demandes de clarification. Il a été indiqué, de façon informelle, qu’un visa de touriste donnerait la possibilité de travailler dans les zones contrôlées par l’Autorité palestinienne. Or ces zones ne concernent que 18% de la Cisjordanie. Toutes les ONG présentes sur place faisaient déjà part de graves difficultés pour mettre en place les programmes d’action humanitaire dans les conditions imposées par la politique d’enfermement israélienne. Leur zone d’action se réduit donc encore davantage. Mais en l’absence de toute indication écrite, la situation des équipes sur place reste extrêmement précaire et tributaire des soldats israéliens présents aux checkpoints.

Selon l’article 55 de la 4ème Convention de Genève, Israël, en tant que puissance occupante, a l’obligation « d’assurer l’approvisionnement de la population en vivres et en produits médicaux ; elle devra notamment importer les vivres, les fournitures médicales et tout autre article nécessaire lorsque les ressources du territoire occupé seront insuffisantes ». Depuis 42 ans, cette obligation qui n’a jamais été respectée a été prise en charge par les ONG palestiniennes et internationales.

Après l’opération militaire israélienne de l’hiver 2008/2009 et alors que se poursuit le blocus de la bande de Gaza, les conséquences humanitaires de cette nouvelle mesure israélienne seront considérables.

Nous, ONG travaillant en faveur des populations palestiniennes, craignons que cette mesure ne vienne sceller encore plus radicalement le sort de ces populations, allant ainsi à l’encontre du droit de ces hommes, ces femmes et ces enfants à recevoir une aide légitime et nécessaire dans la situation qui est la leur. Nous demandons au gouvernement israélien de renoncer à cette mesure qui constitue clairement une entrave à l’action humanitaire.

Plateforme des ONG françaises pour la Palestine
Handicap International
Enfants du Monde-Droits de l’Homme
CCFD-Terre Solidaire
Secours Catholique-Caritas France
Secours Islamique France
Première Urgence

dimanche 24 janvier 2010

Rapport n° 54 sur les violations israéliennes des droits humains


Les forces d’occupation israéliennes (FOI) ont poursuivi leurs agressions systématiques contre les civils palestiniens et leurs biens dans les Territoires palestiniens occupés (TPO).
Durant la période du 14 au 20 janvier 2010 :

9 Palestiniens, dont 2 mineurs, ont été blessés par des tirs israéliens en Cisjordanie :
7 de ces civils, incluant 3 journalistes, ont été blessés quand les FOI ont réprimé par la violence les manifestations pacifiques contre la construction du mur d’annexion ;
22 incursions ont été menées par les FOI dans les communautés palestiniennes de Cisjordanie :
34 Palestiniens ont été arrêtés, dont 4 mineurs en Cisjordanie ;
les FOI ont investi les domiciles de certains militants contre la construction du mur d’annexion ;
Israël a maintenu son siège total sur les TPO et l’isolement de la bande de Gaza du monde extérieur ;
les troupes d’occupation sur les check-points de Cisjordanie ont arrêté 5 Palestiniens, dont un journaliste ;
les FOI ont poursuivi leurs activités visant à créer une majorité démographique juive à Jérusalem :
elles ont obligé un Palestinien à démolir une maison et deux étables ;
le sol s’est effondré à Silwan suite aux creusements des Israéliens ;
les FOI ont poursuivi leurs activités de colonisation en Cisjordanie et les colons leurs agressions contre les Palestiniens et leurs biens :
elles ont démoli une maison au nord-est de Jérusalem ;
elles ont arraché 70 oliviers à Hébron ;
elles ont brûlé deux voitures et un tracteur à Eamatin, un village proche de Qalqilya.

Un Palestinien est arrêté par les soldats israéliens durant des bagarres entre Palestiniens et colons israéliens près de la colonie de Halamish, en Cisjordanie.


Violations israéliennes recensées durant la période du 14 au 20 janvier 2010

1 - Incursions dans les zones palestiniennes et agressions contre les civils palestiniens et leurs biens en Cisjordanie et dans la bande de Gaza

Jeudi 14 janvier

Incursion dans la région d’Hébron : vers minuit, dans le village de Beit ‘Awa, au sud-ouest d’Hébron où l’armée d’occupation fouille la maison de Mohammed Ahmed Masalma, 33 ans, et l’arrête. Vers 1h, toujours à Beit ‘Awa, fouille d’une autre maison, celle de la famille d’Oussai Fakhri Hassan, 15 ans, qui est arrêté. Et vers 1h30, dans Dura, au sud-ouest d’Hébron, dans la maison de Bajes Salama Salhoub, 35 ans, également arrêté.

Région de Tubas : incursion dans le camp de réfugiés d’al-Far’a, au sud de Tubas, fouilles de certaines maisons avec 2 arrestations (Mahmoud Jaber Abu Siam, 35 ans, et Hussam Jom’a Qar’awi, 27 ans).

Région de Tulkarem : vers 2h, incursion dans le village de Saida, au nord de la ville (2 arrestations : Ahmed Mohammed Raddad, 19 ans, et Mohammed Waleed Raddad, 22 ans). Vers 3h30, dans Hazma, au nord de Tulkarem, avec fouille de la maison de Farouq Najeeb saladin, dont deux fils sont arrêtés : ‘Odai, 20 ans, et Mohammed, 18 ans.

Région de Jénine : incursion dans Maithaloun, vers 18h, au sud-est de Jénine.

Vendredi 15 janvier

Bethléhem : incursion vers 1h du matin dans le village d’al-Ma’sara, au sud de Bethléhem, où l’armée pénètre dans certaines maisons, notamment celle de Mahmoud Zawahra, le maire du village et responsable du Comité populaire contre le mur et les colonies, et celle de Mohammed Braijiya, membre du conseil local et porte-parole du Comité.

Samedi 16 janvier

A midi, Saleh Ahmed al-Hathalin, 12 ans, est blessé par l’explosion d’un engin suspect, à Yatta, au sud d’Hébron. Selon l’enquête menée par le PCHR, il était midi environ, al-Hathalin était en train de jouer près de sa maison, dans le secteur de Khashm al-Dara. Très vite, une explosion s’est produite près de lui. Il était blessé par un éclat dans le ventre et à la main gauche. D’après la police palestinienne, l’enfant a été blessé alors qu’il jouait avec un dispositif explosif laissé sur les lieux par les FOI.

Dimanche 17 janvier

Naplouse : vers 1h30 du matin, incursion dans Naplouse et le camp de réfugiés voisin d’‘Ein Beit al-Maa’ (7 arrestations, dont 3 mineurs : Muhannad Maher al-Shalabi, 17 ans, Jihad Maher al-Shalabi, 23 ans, Shadi Maher al-Shalabi, 19 ans, Mo’tassem Saleh Khabbas, 17 ans, Mo’tassem Ahmed Hamdi, 16 ans, Ra’ed Mohammed al-Khatib, 19 ans, et Samer Ahmed al-Salhi, 18 ans). Au même moment, incursion dans le camp de réfugiés de Balata, à l’est de Naplouse (2 arrestations : Saleem Faisal Abu shaheen et Ibrahim ‘Ata Abu Saltah, tous deux âgés de 18 ans).

Hébron : vers 2h, l’armée entre dans Beit Ummar, un village au nord d’Hébron (arrestation de Muntasser ‘Abdul Hamid ‘Awadh, 18 ans).

Lundi 18 janvier

Ramallah : incursion dans le village de Ni’lin, à l’ouest de Ramallah (5 arrestations : Muntasser Fadel al-Khawaja, 20 ans, Mohammed ‘Essam al-Khawaja, 22 ans, Shihab Mohammed Khawaja, 19 ans, Eihab Mohammed ‘Amira, 22 ans, et Murad ‘Abdullah ‘Amira, 22 ans).

Jérusalem : vers 2h30, incursion dans Beit Diqqu, au nord-ouest de Jérusalem (4 arrestations : ‘Ali Mohammed Daoud, 32 ans, Mohammed ‘Abdul Khalliq Daoud, 35 ans, Yousef ‘Abdul ‘Aziz Daoud, 32 ans, et Khaled Bassam Daoud, 25 ans).

Mardi 19 janvier

Jénine : l’armée pénètre vers minuit dans le camp de réfugiés de Jénine, elle prend position près de la maison de la famille al-Sa’di. Des jeunes se regroupent et se mettent à lancer des pierres sur les véhicules de l’occupant. Aussitôt, les soldats tirent sur les ados et Islam Hussam al-Tubassi, 17 ans, est touché par un corps de grenade qui lui cause des brûlures à la poitrine. Vers 3h30, incursion dans le village de Bir al-Basha, au sud de Jénine.

Hébron : vers minuit et demi, incursion dans Beit ‘Awa, au sud-ouest d’Hébron (2 arrestations : Mohammed ‘Abdul Hamid Masalma, 24 ans, et Tha’er Na’im Masalma, 20 ans). Vers 1h du matin, dans Ethna, même secteur (arrestation de ‘Ali Mohammed al-Jayawi, 22 ans) et vers 1h30, dans Sa’ir, un village à l’est d’Hébron (2 arrestations : ‘Abdul Fattah Hussein Shalalda, 63 ans, et Ziad ‘Abdul Fattah Hussein Shalalda, 35 ans).

Naplouse : incursion dans la cité vers 3h du matin (arrestation de Ma’ath Rassem Saleem, 22 ans).

Mercredi 20 janvier

Hébron : l’armée investit le secteur de Jabal Abu Rumman dans Hébron, patrouille dans les rues, entre dans des maisons et convoque 5 Palestiniens pour interrogatoire.

Jénine : incursion dans Maithaloun, au sud-est de Jénine.


2 - Continuité du siège des TPO

Le siège a été maintenu très serré sur les TPO et les restrictions sur les déplacements des Palestiniens se sont poursuivies, dans la bande de Gaza comme en Cisjordanie, dont Jérusalem-Est occupée.


Bande de Gaza

Mouvements des personnes et des biens aux postes frontière

Rafah International

Date : Détails
12 janvier : 4 Palestiniens sortent ;
1 autre rentre.
13 janvier : 8 Palestiniens sortent ;
89 autres rentrent.
14 janvier : 3 Palestiniens sortent ;
124 autres rentrent
15 janvier : 55 parlementaires européens rentrent.
16 janvier : 72 personnes dont 55 parlementaires européens sortent ;
5 Palestiniens rentrent.
17 janvier : 1 Palestinien sort ;
5 autres rentrent.
18 janvier : fermé
19 janvier : fermé
Karm Abu Salem (Kerem Shalom)

Date : Détails
12 janvier : 104 containers d’aide alimentaire d’organisations humanitaires
internationales et de denrées pour les commerçants,
105 tonnes de gaz domestique et 490 000 litres de fioul industriel rentrent.
2 containers de fraises et 2 containers de fleurs coupées sortent.
13 janvier : 96 containers, 127 tonnes de gaz et 470 679 litres de fioul rentrent ;
1 container de fraises sort.
14 janvier : 134 containers, 105 tonnes de gaz et 440 220 litres de fioul rentrent.
1 container de fraises sort.
15 janvier : fermé
16 janvier : fermé
17 janvier : 77 containers, 105,59 tonnes de gaz et 261 621 litres de fioul rentrent ;
1 container de fraises et 1 container de fleurs coupées sortent.
18 janvier : 78 containers, 105,2 tonnes de gaz et 314 500 litres de fioul rentrent ;
1 container de fraises et 1 container de fleurs coupées sortent.
19 janvier : 74 containers, 105 tonnes de gaz et 314 500 litres de fioul rentrent ;
1 container de fleurs coupées sort.
Al-Mentar (Karni)

Ouvert le 13 janvier pour l’entrée de 1 160 tonnes de blé, 1 840 tonnes d’aliments pour le bétail, 25 tonnes de céréales et 66 tonnes d’oléagineux. Ouvert à nouveau le 18 pour 1 840 tonnes de blé et 1 840 tonnes d’aliments pour le bétail.


Cisjordanie

Jérusalem : les mêmes restrictions ont été imposées sur la cité, empêchant des milliers de Palestiniens de la bande de Gaza et de Cisjordanie d’entrer dans Jérusalem, les restrictions étant plus serrées le vendredi, jour de prière, pour que les Palestiniens ne puissent aller prier à la mosquée al-Aqsa, dans la vieille ville palestinienne.

Naplouse : vendredi et samedi, 15 et 16 janvier, les FOI ont monté un check-point à l’entrée sud d’‘Assira, au nord de Naplouse, bloquant et fouillant tous les véhicules palestiniens. Le mardi 19, sur le check-point d’Huwara, au sud de Naplouse, direction Jérusalem : restrictions supplémentaires pour le passage des Palestiniens.

Ramallah : l’armée d’occupation sur les check-points de Jaba’ et Qalandya, au sud-est de Ramallah, ont imposé des restrictions supplémentaires et des check-points volants ont été posés dans certains secteurs.

Jénine : vers 6h, le vendredi 15 janvier, nouveau check-point au carrefour Sanour/Misilya, au sud-est de Jénine. Le samedi 16, idem sur la route de Naplouse à Jénine, en face la colonie Homseh.

Tulkarem : vendredi midi, 15 janvier, sur le check-point d’Ennab, à l’est de Tulkarem, l’armée a imposé de nouvelles restrictions à la circulation des Palestiniens.

Hébron : le lundi 18 vers 15h, deux check-points sont installés au nord-ouest de la ville et le lendemain, mardi 19, nouveau check-point également près de la colonie Karmi Tsur, au nord d’Hébron.

Arrestations sur les check-points militaires

Dimanche 17 janvier, vers 10h30, les soldats de l’occupation sur le check-point Container, au nord-est de Bethléhem, arrêtent Ayman Na’im al-Qawasmi, 39 ans, directeur de la radio Minbar al-Horriya (Tribune libre), à Hébron.

Lundi 18, sur le check-point à proximité du village d’al-Rashaida, arrestation de 3 bergers palestiniens : Mahmoud Mohammed al-Rashaida, 61 ans, Ahmed Mohammed al-Rashaida, 55 ans, et Rezeq Hamad al-Rashaida, 18 ans.

Mardi 19, au check-point d’al-Hamra, au sud de Tubas, arrestation d’‘Abdullah ‘Ali Ghourani, 20 ans, du camp de réfugiés d’al-Far’a, au sud de Tubas.

Harcèlement sur les check-points militaires

Samedi 17 janvier à midi, les troupes israéliennes qui patrouillent à proximité de la colonie de Beita Elite, à l’ouest de Bethélhem, s’en prennent à Mohammed ‘Abdul Halim Halahla, 35 ans, et à Mahmoud Ahmed Ramadan, 15 ans, et les frappent violemment. Tous deux sont du village de Kharas, près d’Hébron. Ils souffrent d’ecchymoses sur tout le corps.




Des inondations, naturelles et provoquées par Israël, ont frappé durement
la bande de Gaza ces derniers jours.
(AP) - Voir : Inondations à Gaza

3 - Construction du mur d’annexion

La construction du mur se poursuit à l’intérieur de la Cisjordanie. Les manifestations non violentes organisées chaque semaine par les Palestiniens, accompagnés d’internationaux et de militants israéliens pour les droits de l’homme, sont réprimées dans la violence par l’occupant.

Bil’in, village à l’ouest de Ramallah : le vendredi 15, après la prière, comme chaque vendredi, la manifestation se dirige vers le mur qui traverse le village et après des jets de pierres sur l’occupant, celui-ci réplique par des tirs et des lancements de grenades. Des dizaines de manifestants souffrent de l’inhalation des gaz et un Palestinien, Basem Ahmed Yassin, 34 ans, a eu la jambe droit fracturée sous les coups des soldats. 7 autres civils sont aussi blessés par des balles caoutchouc : Ibrahim ‘Abdul Fattah Bernat, 22 ans, Farhan Ibrahim bernat, 21 ans, Nayef Ghazi al-Khatib, 20 ans, Fadi Mousa al-Jayousi, 29 ans, qui est photographe au quotidien régional, Al-Ayyam, Haroun Yousef ‘Amaira, 25 ans, Moheeb Mohammed al-Barghouthi, 45 ans, photographe au quotidien régional al-Hayat al-Jadeeda, et Mohammed Ahmed Hamad, 19 ans.

Ni’lin, également à l’ouest de Ramallah : le même jour, la manifestation non violente contre le mur est prise à partie par les troupes d’occupations. De nombreux manifestants sont gênés pour avoir respiré les gaz des lacrymogènes.

Al-Ma’sara, au sud de Bethléhem : également le vendredi, même manifestation. Comme chaque semaine, l’armée boucle l’entrée du village et agresse les manifestants.


4 - Mesures visant à créer une majorité démographique juive à Jérusalem

Ces mesures s’étant intensifiées dans la dernière période, le PCHR consacre cette section de son rapport hebdomadaire pour faire connaître les violations perpétrées par l’occupant israélien à Jérusalem-Est, visant à obliger les Palestiniens à quitter leur ville.

Jeudi 14 janvier, les FOI ont obligé Haoroun Zakaria Burqan, 39 ans, à démolir sa maison de 45 m2 ainsi que deux étables. La maison, où vivaient 8 personnes, avait été construite il y a 5 ans. Les FOI ont ordonné sa démolition il y a 3 ans et ont imposé à son propriétaire une amende de 5 000 NIS (nouveau shekel israélien, soit 950 € environ). Au début de cette année, les FOI lui ont ordonné de la démolir avant le 15 janvier.

Durant la dernière semaine, les FOI ont poursuivi leurs creusements dans la vieille ville de Jérusalem. Selon les habitants de Silwan et de la vieille ville, un effondrement a eu lieu dans le secteur de Wadi Hilwa, sur la route entre Silwan et la vieille ville, le lundi 18 janvier. L’effondrement a formé une sorte d’entonnoir de plus de 10 mètres de profondeur. La déchirure dans le sol s’est faite dans un tunnel qui a été creusé par les Israéliens pour relier Silwan à la colonie Givati. Ce tunnel est le plus long du secteur. En dépit de la gravité de la situation, les FOI n’ont rien entrepris pour y remédier. Cet effondrement est le deuxième du genre depuis le début de cette année. De tels faits sont provoqués par les creusements opérés par les FOI et l’autorité israélienne d’archéologie pour créer un réseau de tunnels entre les colonies.

Samedi 16 janvier, 16h30 environ, des colons israéliens ont attaqué des enfants palestiniens dans le quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem-Est. Une femme israélienne colon a frappé et insulté une jeune Palestinienne de 16 ans, Aamena Munther al-Nashashibi. La police israélienne, présente, n’est pas intervenue.


5 - Colonisation et agressions des colons contre les Palestiniens et leurs biens

Jeudi 14 janvier, vers 3h, des colons de la colonie Gilad, au nord-est de Qalqilya, ont attaqué deux voitures et un tracteur, appartenant à des Palestiniens d’Ematin, un village à l’est de Qalqilya. D’après des témoins, une voiture blanche immatriculée Israël a été vue sortant du village et entrant dans la colonie. Dans le même temps, le feu prenait dans les deux voitures d’‘Aayed ‘Abdullah Sawan et Mohammed Sorour Ghanem, et dans le tracteur d’Ibrahim Hassan Ghanem. Les deux voitures et le tracteur sont très endommagés.

Le même jour, à midi, des colons de la colonie Havat Ma’oun, un avant-poste à l’est de Yatta, au sud d’Hébron, ont arraché des dizaines d’oliviers à l’est du village d’al-Twana. Selon Saber al-Harini, responsable du conseil local du village, les colons ont déraciné 70 oliviers appartenant à Mousa Khalil Reb’ei.

Mardi 19, les FOI ont démoli la maison d’Hassan Salem al-Ka’abna, du village de Jaba’, au nord-est de Jérusalem, prétendant qu’elle avait été construite sans le permis israélien. Selon des témoins, les FOI ont investi les bâtiments bédouins dans le sud du village. Elles ont obligé la famille Ka’abna à sortir de la maison et ont démolie celle-ci. La maison avait été construite en 1978, al-Ka’abna lui avait ajouté un balcon en 1994. Elle était située près de la colonie Adam.

Ce même jour vers 22h, des colons escortés par les FOI ont pénétré dans le village d’‘Awarta, au sud de Naplouse. Ils sont allés dans le carré d’‘Eizarat, qu’ils prétendent sacré, pour y faire des prières jusqu’au lendemain matin. Quand les colons et les FOI ont quitté le village, les Palestiniens ont constaté que le cimetière musulman du village avait été profané, trois pierres tombales étaient brisées. Ils ont trouvé aussi des graffitis hostiles en arabe et en russe.PCHR du 14 au 20 janvier 2010

samedi 23 janvier 2010

balti palestine



un bon clip a regarder

Les 20 dates-clefs du conflit israélo-palestinien


2 novembre 1917 : La déclaration Balfour

29 novembre 1947 : Le plan de partage de l’ONU

14 mai 1948 : La déclaration d’indépendance d’Israël

30 mai 1964 : La création de l’OLP

juin 1967 : Israël occupe la Cisjordanie et la bande de Gaza

16 septembre 1970 : « Septembre noir »

13 avril 1975 : Le début de la guerre civile libanaise

17 mai 1977 : La victoire du Likoud en Israël

17 septembre 1978 : Les accords de Camp David

6 juin 1982 : L’invasion du Liban par Israël

7 décembre 1987 : Le déclenchement de l’Intifada

30 octobre 1991 : La Conférence de Madrid

13 septembre 1993 : L’accord d’Oslo

4 novembre 1995 : L’assassinat d’Itzhak Rabin

25 juillet 2000 : L’échec de Camp David

11 septembre 2001 : "Notre Ben Laden c’est Arafat

29 mars 2002 : L’opération "Rempart"

14 août 2005 : Le visage unilatéral d’Ariel Sharon

25 janvier 2006 : Le Hamas au pouvoir

12 juillet 2006 : Guerre du Liban

27 décembre 2008: guerre a gaza

Conclusion




2 novembre 1917 : La déclaration Balfour

Un an après avoir publié son livre L’État des juifs, fondement du sio- nisme politique, Theodor Herzl avait réuni, en 1897, le premier Congrès sioniste à Bâle, afin d’« obtenir pour le peuple juif en Palestine un foyer reconnu publiquement et garanti juridiquement ». Puis il chercha durant toute sa vie à obtenir des appuis internationaux. Il rencontra le sultan turc, les ministres du tsar, le kaiser allemand, mais sa préférence allait d’emblée à la Grande-Bretagne. Il déclara en 1904 : « Avec l’Angleterre en guise de point de départ, nous pouvons être assurés que l’idée sioniste s’élancera plus avant et plus haut que jamais auparavant. »

Si Theodor Herzl meurt en 1907 sans avoir obtenu le soutien public britannique qu’il espérait, son successeur Haïm Weizmann réussit dix ans plus tard, le 2 avril 1917 : le secrétaire au Foreign Office, Lord Arthur James Balfour, déclare que le gouvernement de Sa Majesté « envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un Foyer national pour le peuple juif et emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte aux droits civils et religieux des collectivités non-juives existant en Palestine, ou aux droits et statut politiques dont les Juifs jouissent dans tout autre pays ».

Cette « déclaration Balfour » contredit les autres engagements que la Grande-Bretagne avait déjà pris à l’époque. D’abord la promesse faite en 1916 au chérif Hussein, comme à Ibn Saoud, en échange de leur participation à la guerre contre les Turcs, de« reconnaître et soutenir l’indépendance des Arabes ». Ensuite, les accords Sykes-Picot passés la même année avec les Français, qui partagent entre les deux pays le grand royaume soi-disant destiné aux Arabes et qui internationalisent la Palestine, sans y prévoir d’ailleurs de Foyer national juif. Arthur Koestler a résumé d’une très belle formule cette opération : « Une nation a solennellement promis à une seconde le territoire d’une troisième. »

Londres compte effectivement, à l’époque, sur le mouvement sioniste dans l’immédiat pour renforcer le camp allié dans la guerre contre l’Allemagne qui s’éternise, mais surtout pour s’assurer, après guerre, une mainmise sur le Proche-Orient. De fait la Palestine, théoriquement internationalisée par les accords Sykes-Picot, devient en 1920 un mandat britannique. Elle représente, en effet, le carrefour stratégique de toutes les routes de l’Orient et notamment la protection directe du canal de Suez.

Les espoirs sionistes ne vont donc pas être déçus. Les hauts-commissaires britanniques successifs en Palestine vont couvrir la création d’un embryon d’État juif. Entre 1917 et 1948, les Juifs passent de 10 % à 30 % de la population de la Palestine, la superficie agricole qu’ils cultivent est multipliée par trois, le nombre de leurs colonies par dix, et leur indice de production industrielle par cinquante. L’arrivée d’Hitler au pouvoir en Allemagne renforce considérablement l’afflux d’immigrants et de capitaux juifs en Palestine. L’Organisation sioniste signe d’ailleurs avec les autorités nazies, dès 1933, l’accord dit Haavara qui permet et facilite cette immigration d’hommes et de capitaux.

Mais si le calcul est bon du côté sioniste, il l’est beaucoup moins du côté britannique. Londres a sous-estimé la résistance des Arabes. Le mécontentement contre la trahison par les Britanniques de leurs promesses, déjà vif en 1917, grandit durant l’entre-deux guerres au fur et à mesure de la construction du Foyer national juif, en violation de la clause du Mandat qui protège les population non-juives, majoritaires...

D’où des révoltes de plus en plus massives et de plus en plus violentes, suivies chaque fois d’une commission d’enquête et de livres blancs d’une Grande-Bretagne soucieuse de ne pas miner son pouvoir en Palestine et donc au Moyen-Orient en général. Des premiers heurts graves ont lieu en mai 1921, suivis d’un premier Livre blanc en 1922. Les incidents plus graves de 1929 sont suivis d’un nouveau Livre blanc en 1930. En 1936 éclate une véritable grève insurrectionnelle palestinienne, qui dure près de trois ans. Après l’avoir réprimée sauvagement avec l’aide des milices juives, Londres tente de tirer les leçons politiques de ce qui s’est passé.

Le coup d’essai rate : la commission conduite par Lord Peel - qui propose, en 1937 déjà, le partage de la Palestine, mais aussi un « transfert » des populations arabes vivant dans la partie allouée au futur État juif - se heurte au refus de toutes les parties prenantes, aussi bien juives que palestiniennes. En fait le Livre blanc du 17 mai 1939 pour enregistrer un véritable tournant de la politique britannique. Il prévoit, lui, des mesures draconiennes :

limitation de l’immigration juive à 75 000 personnes pendant cinq ans, après quoi toute immigration suivante sera soumise au consen- tement arabe ;
interdiction de l’achat de terres par le mouvement sioniste dans l’essentiel du pays et réduction drastique ailleurs ;

Bref, la Palestine, vouée à l’indépendance dans les dix ans, serait certaine de rester majoritairement arabe. Pourquoi ce retournement britannique ? L’intérêt supérieur du Royaume-Uni est en jeu : le conflit entre Juifs et Arabes en Palestine atteint une telle acuité que les dirigeants des pays arabes voisins menacent Londres de renverser leurs alliances, c’est-à-dire de répondre aux avances de l’Allemagne nazie. Cette pression est d’au- tant plus efficace que Londres, comme Paris, s’inquiète de la montée en puissance de l’Allemagne hitlérienne, très active dans la région. D’où une rupture durable entre Londres et le mouvement sioniste. Le Livre blanc s’appliquera jusqu’au retrait britannique, le 14 mai 1948. Et l’al- lié d’hier - le mouvement sioniste - ira jusqu’à l’action terroriste pour forcer Londres à abandonner dans un premier temps cette politique, puis dans un second temps son Mandat lui-même sur la Palestine.


29 NOVEMBRE 1947 : Le plan de partage de l’ONU

La Seconde Guerre mondiale marque un véritable tournant dans le conflit israélo-palestinien. Jusque-là, l’idée sioniste restait minoritaire, y compris parmi les juifs largement intégrés dans les différents pays où ils vivaient, en particulier en Europe. Le génocide change tout :

concrètement, des centaines de milliers de juifs survivants du génocide ne peuvent pas ou ne veulent pas rentrer dans leur pays d’origine et se voient refuser toute immigration souhaitée vers les États-Unis. Le mouvement sioniste en profite pour organiser une immigration « illégale » vers la Palestine ;
idéologiquement, l’extermination de six millions de juifs donne une légitimation tragique au combat des sionistes pour un État juif, notamment aux yeux des consciences occidentales travaillées par un sentiment - justifié - de culpabilité. Dès le congrès sioniste de Baltimore, aux États-Unis, en 1942, qui fixe explicitement l’objectif de l’État juif, David Ben Gourion lance : « Qui veut et peut garantir que ce qui nous est arrivé en Europe ne se reproduira pas ? [...] Il n’y a qu’une sauvegarde : une patrie et un État. » On imagine la force de l’argument en 1945 après la découverte de la Shoah...

Or l’opinion occidentale ignore tout des Palestiniens, lesquels ne font pas grand chose pour s’en faire comprendre : les dirigeants arabes palestiniens, en tête le grand mufti (de retour de Berlin où il a supervisé pendant deux ans les divisions SS musulmanes), boycotteront les commissions d’enquête internationales, en premier lieu l’Unscop qui séjourne en Palestine durant l’été 1947.

Londres a passé la main sous les pressions conjuguées à la fois du mouvement sioniste et de la Maison-Blanche, très sensible à l’argumentation de celui-ci - sans oublier l’opinion britannique elle-même qui veut sortir du bourbier. Les deux autres grandes puissances - l’URSS et les États-Unis - prônent le partage, avec la volonté d’utiliser la Palestine comme un levier pour mettre fin à la domination britannique sur le Proche-Orient. Rien d’étonnant dès lors si, le 29 novembre 1947, l’Assemblée générale des Nations unies, à la majorité requise des deux tiers, adopte la résolution 181 :

un État juif sur 56 % de la Palestine - dont les juifs représentent à l’époque 32 % de la population et ne détiennent que 7 % des terres ;
un État arabe sur les 44 % restants ;
un régime de tutelle internationale pour Jérusalem et les Lieux saints (« corpus separatum »).

La guerre civile commence le jour même de la décision des Nations unies. Six mois plus tard, les forces juives, financées par les États-Unis et armées par l’URSS via Prague, se sont emparées de la plupart des villes arabes et ont déjà chassé le 14 mai 1948 près de quatre cent mille Palestiniens du territoire prévu pour l’État juif. Le Plan de partage est déjà mort lorsque Israël proclame son indépendance.


14 MAI 1948 : La déclaration d’indépendance d’Israël

La déclaration d’indépendance d’Israël constitue un tournant majeur de la première guerre israélo-arabe :
côté israélien, car le texte de la déclaration oublie délibérément qu’un second État a été prévu par l’ONU dans le plan de partage : « En vertu du droit naturel et historique du peuple juif, et de la résolution des Nations unies, dit le texte, nous proclamons par le présent acte la création de l’État juif de Palestine qui prendra le nom d’Israël. » Contrairement à tous les usages, cette déclaration ne définit pas les frontières du nouvel État. Bref, on mesure là que les dirigeants sionistes veulent, en fait, au-delà de que que l’ONU a prévu, l’État juif le plus grand possible et le plus « homogène » possible.

côté arabe, car la déclaration d’indépendance d’Israël est immédiate- ment suivie par l’intervention des armées des États arabes voisins, officiellement pour empêcher la naissance de l’État juif. En fait, les historiens le confirment, le roi Abdallah de Jordanie veut s’emparer du territoire prévu pour l’État arabe, et les autres pays arabes entendent l’en empêcher. Aucun de ces pays ne souhaite une Palestine arabe indépendante. Entre le 15 mai 1948, date de l’entrée des troupes arabes en Pales- tine, et le 10 mars 1949, date de la dernière bataille de la guerre (prise d’Umm Rashrash, future Eilat), une alternance de combats et de trêves débouche pour les Palestiniens sur la Nakba, c’est-à-dire la « catas- trophe ». Le bilan de la première guerre israélo-palestinienne, puis israélo-arabe, est le suivant : Israël a augmenté d’un tiers la superficie prévue pour lui par les Nations unies, il se répartit ce qui reste de l’État arabe avec la Transjordanie, qui annexe la Cisjordanie et l’Égypte, qui obtient la tutelle de Gaza. Et dans cette période huit cent mille Palestiniens ont pris les chemins de l’exil.

Longtemps, cette guerre a été racontée par ses vainqueurs. Le récit israélien a dominé. Mais tout a changé dans les années 1980, avec l’apparition des « nouveaux historiens » israéliens qui ont trouvé dans les archives israéliennes de quoi ébranler trois mythes fondamentaux :

Premièrement celui d’une menace mortelle qui aurait pesé sur Israël à l’époque : contrairement à l’image d’un frêle État juif à peine né et déjà confronté aux redoutables armées d’un puissant monde arabe, les « nouveaux historiens » établissent la supériorité croissante des forces israéliennes (en effectifs, armement, entraînement, coordination, motivation...), à la seule exception de la courte période allant du 15 mai au 11 juin 1948. De surcroît, l’accord tacite passé entre Golda Meïr et le roi Abdallah, le 17 novembre 1947, bouleversait la situation stratégique : la Légion arabe, seule armée arabe digne de nom, s’engageait à ne pas franchir les frontières du territoire alloué à l’État juif en échange de la possibilité d’annexer celui prévu pour l’État arabe. Abdallah tiendra sa promesse. Et, de fait, le partage du 17 novembre se substituera à la fin de la guerre à celui du 29 novembre...

Le deuxième mythe concerne l’exode des Palestiniens. Selon la thèse traditionnelle, ceux-ci ont fui à l’appel des dirigeants palestiniens et arabes. Or les « nouveaux historiens » n’ont pas trouvé la moindre trace d’un tel appel, ni par écrit, ni par radio. En revanche, de nombreux documents attestent, sinon d’un plan d’expulsion global, en tout cas de pratiques d’expulsion généralisées, notamment suite à des massacres comme celui de Deir Yassin. Le premier bilan de l’expulsion est dressé par les Services de renseignements de la Hagana en date du 30 juin 1948 et il porte sur la première période (judéopalestinienne) de la guerre : il estime que 73 % des 391 000 départs recensés ont été directement provoqués par les Israéliens. Durant la seconde période (israélo-arabe), une volonté d’expulsion ne fait plus le moindre doute avec le symbole de l’opération de Lydda et Ramlah, d’où, le 12 juillet 1948, 70 000 civils sont évacués militairement (près de 10 % du total !), sous la conduite d’Itzhak Rabin et avec le feu vert du Premier ministre Ben Gourion.

Le troisième mythe concerne la volonté de paix d’Israël au moment des négociations de 1949. Dans une première phase, Tel-Aviv a effectivement fait une ouverture : le 12 mai, sa délégation ratifie, avec celles des États arabes, un protocole réaffirmant à la fois le plan de partage de l’ONU et la résolution 194 de l’Assemblée géné- rale des Nations unies du 11 décembre 1948. En clair, cela signifie qu’Israël reconnaît le droit à l’existence d’un État arabe en Palestine et le droit au retour des réfugiés, mais aussi que les Arabes recon- naissent le droit à l’existence d’un État juif en Palestine. Mais, ce même 12 mai, l’État juif est admis à l’ONU. Dès lors, confiera Walter Eytan, codirecteur général du ministère israélien des Affaires étran- gères, « mon principal objectif était de commencer à saper le protocole du 12 mai, que nous avions été contraints de signer dans le cadre de notre bataille pour être admis aux Nations unies ». De fait, la conférence de Lausanne finira dans une impasse. Israël s’oppose à tout retour des réfugiés palestiniens. Et pour cause : la loi dite « propriétés abandonnées » lui permet de mettre la main sur les biens arabes. Selon un rapport officiel, le jeune État a ainsi récupéré trois cent mille hectares de terres ; plus de quatre cents villes et villages arabes disparaîtront ou deviendront juifs.

Tout se passe comme si les fondateurs d’Israël ont cru pouvoir effa- cer le peuple palestinien d’un coup de gomme. Les quinze années qui suivent semblent donner raison à ceux qui rêvent d’une assimilation des Palestiniens dans les pays arabes. Faute d’une organisation représenta- tive, ils disparaissent même de la scène politique. Mais l’apparition de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) va changer la donne.


30 MAI 1964 : La création de l’OLP

La naissance de l’OLP sous l’égide égyptienne résulte d’une déci- sion de la Ligue arabe. Mais elle exprime aussi la nécessité pour ces régimes de tenir compte de la réalité palestinienne nouvelle, et en premier lieu, de la formation en exil d’une élite palestinienne de très haut niveau culturel et politique.

Bien plus qu’Ahmed Choukeyri, placé à la tête de l’OLP par Nasser, Yasser Arafat symbolise la nouvelle génération palestinienne : jeune ingénieur, plus radical et plus indépendant des pays arabes, président de l’Union des étudiants palestiniens de 1952 à 1956, il a créé avec ses amis au Koweït, en 1959, le mouvement Fatah.

Dix ans après sa fondation, ce dernier deviendra le principal courant de l’OLP et en prendra la direction. Cette marche vers le pouvoir a aussi permis l’évolution stratégique de l’OLP en plusieurs étapes :

1er janvier 1965, la branche militaire du Fatah effectue sa première opération en Israël. Ce modèle du combattant, le Fedaï, mobilise largement la jeunesse palestinienne.

1967, la défaite arabe au cours de la guerre des Six Jours radicalise l’OLP.

22 mars 1968, au lendemain de la bataille presque légendaire de Karameh (en Jordanie), les organisations de fedayin intègrent l’OLP qui adopte sa « Charte nationale ».

4 février 1969, Yasser Arafat devient président du Comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine.

Cet événement marque la victoire de la stratégie de la lutte populaire armée. Mais cette ligne se heurtera, comme on le verra, aux événements dans lesquels l’OLP sera entraînée, souvent contre sa volonté, en Jordanie puis au Liban. D’où la nécessité d’adapter son orientation.

Sans entrer dans les détails, on peut résumer le long débat interne au sein de l’OLP en le qualifiant de lutte entre « jusqu’au-boutistes » et « réalistes » :

dans un premier temps, suite au revers subi en Jordanie, l’OLP se lance - sous couvert de l’organisation « Septembre noir » - dans une stratégie terroriste ;

dans un deuxième temps, après la guerre d’octobre 1973, elle accumule plusieurs succès qui vont mettre fin au recours aux attentats et renforcer en son sein le courant politique : la reconnaissance de l’OLP comme « seul représentant du peuple palestinien » par le sommet arabe de Rabat en 1973 et l’invitation de Yasser Arafat à l’Assem- blée générale des Nations unies en 1974 sont des grandes victoires pour les « réalistes » ;

d’où, dans un troisième temps, une évolution accélérée qui va voir l’OLP passer du mot d’ordre de « Palestine laïque et démocratique » - qui implique la destruction de l’État d’Israël - à celui de construc- tion d’un État « sur toute partie libérée de la Palestine » - qui admet, de fait, l’existence d’Israël. Malgré le front du refus, constitué par le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) et quelques autres organisations, l’objectif d’une coexistence entre deux États s’impose entre 1974 et 1977.

Mais revenons auparavant au grand tournant du conflit Proche-Orient.


JUIN 1967 : Israël occupe la Cisjordanie et la bande de Gaza

La troisième guerre israélo-arabe - dite guerre des Six Jours - constitue une étape décisive. Jusqu’en 1967, Israël occupe plus que le territoire prévu par l’ONU, mais le reste de la Palestine demeure dans des mains arabes. La Jordanie et l’Égypte n’ont d’ailleurs jamais profité de la situation pour créer un État palestinien en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Le 12 juin 1967 introduit un changement radical : l’État juif, qui vient de s’emparer - outre le Sinaï et le Golan - de Jérusalem- Est, de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, occupe ainsi la totalité de la Palestine. Il détient désormais seul la clef du problème palestinien.

Au début, le gouvernement et les diplomates israéliens présentent les Territoires occupés en 1967 comme une carte qu’ils sont prêts à jouer dans des négociations : conformément à la résolution 242, adop- tée par le Conseil de sécurité de l’ONU le 22 novembre 1967, il s’agit d’échanger la Cisjordanie et Gaza contre la paix. Cette promesse de négociation n’est pas vérifiable, puisque les États arabes réunis à Khartoum refusent toute négociation.

En même temps, Israël annexe dès juillet 1967 Jérusalem-Est et proclame la ville « réunifiée » capitale d’Israël. Cette décision, comme celle de 1949 de faire de Jérusalem-Ouest sa capitale, viole toutes les résolutions de l’ONU : la résolution 181 du plan de partage de 1947 prévoyant un « corpus separatum », les textes des armistices de 1949, la résolution du 19 décembre 1949 qui réaffirmait l’internationalisation de Jérusalem, sans oublier la résolution 242.

Mais surtout la volonté de colonisation des Territoires occupés s’af- firme. Dès juillet 1967, de premières colonies y sont établies et le vice- Premier ministre israélien Allon présente un plan portant son nom qui prévoit l’annexion de près d’un tiers de la Cisjordanie et la multiplication des colonies dites de « sécurité », en particulier dans la vallée du Jourdain. Toutefois, dix ans plus tard, le nombre total de colons n’est que de cinq mille, contre plus de deux cent mille aujourd’hui (sans compter les deux cent mille habitants juifs de Jérusalem-Est).

Par ailleurs, l’occupation des Territoires à partir de 1967 en refait le centre du combat palestinien. Cette tendance est soulignée à la fois :

positivement, par la montée de la puissance de la résistance « de l’in- térieur » - de l’insurrection de 1981 jusqu’à la première Intifada, née fin 1987 ;

négativement, par les échecs subis par l’OLP en Jordanie et au Liban.


16 SEPTEMBRE 1970 : « Septembre noir »

Après la guerre des Six Jours, l’OLP considère que la Jordanie consti- tue sa base arrière numéro un pour mener la lutte armée contre Israël. Cette stratégie pose de graves problèmes au régime hachémite :
à court terme, le pays subit durement des représailles israéliennes après chaque opération des fedayin ;
à plus long terme, le développement d’un contre-pouvoir palestinien sape l’autorité du roi Hussein et gêne ses tentatives de règlement ;

Mais l’essentiel est ailleurs : le « petit roi » sait que son trône est d’autant plus fragile que la majorité de la population est palestinien- ne. Hussein veut donc « récupérer » la Cisjordanie par un accord avec Israël pour réunifier les deux rives, comme son grand-père Abdallah l’avait fait. Il redoute la tentation de transformer la Jordanie en État palestinien propre à la droite israélienne et aux organisations les plus radicales de l’OLP. Ces dernières sont à l’origine de la crise de 1970-1971 en Jordanie : pour elles, « la route de Jérusalem passe par Amman ». D’où la provocation du 7 septembre 1970, lorsque des hommes de George Habache détournent trois avions occidentaux sur Zarka et les font exploser. Le roi Hussein saisit l’occasion et lance son armée contre les fedayin le 16 septembre 1970.

L’aviation et les chars syriens menacent d’intervenir aux côtés de l’OLP. Mais la pression d’Israël - prêt à intervenir si le trône est en dan- ger - et du secrétaire d’État américain Henry Kissinger - qui couvre l’éventuelle entrée en lice de l’État juif - suffisent à Hafez Al-Assad pour refuser de fournir une couverture aérienne aux blindés syriens entrés en Jordanie. Les Palestiniens sont écrasés par l’armée hachémi- te. Les combats, qui se terminent le 27 septembre, font des milliers de victimes - dont Gamal Abdel Nasser qui meurt d’une crise cardiaque après avoir obtenu un cessez-le-feu entre la Jordanie et l’OLP.

C’est « Septembre noir », marqué par des massacres massifs non seulement de fedayin mais aussi de civils dans les camps palestiniens. Un an plus tard, l’OLP a été complètement expulsée de Jordanie.


13 AVRIL 1975 : Le début de la guerre civile libanaise

Le piège libanais va se refermer sur l’OLP selon le même schéma que le piège jordanien :
après son expulsion de Jordanie, le Liban devient la seule base arrière de l’OLP à proximité d’Israël ;
les opérations des commandos palestiniens contre l’État juif entraînent des représailles dont la population libanaise est aussi victime ;
les dirigeants libanais sont de plus en plus inquiets de voir les Palestiniens constituer un État dans l’État, avec des camps de réfugiés, des milices, des quasi-ministères, des services d’aide sociale, etc.

La présence palestinienne, légalisée par les accords du Caire en novembre 1969, est d’autant plus mal vécue qu’elle bouscule l’équilibre déjà précaire du Liban, dont le système économique, social, politique et institutionnel, hérité du Pacte national de 1943, repose sur l’hégémonie des chrétiens maronites et l’alliance de ceux-ci avec l’élite sunnite, elle-même dominante parmi les musulmans.

Or l’évolution démographique a bouleversé ce schéma : la majorité est musulmane et non plus chrétienne et, parmi les musulmans, chiite et non plus sunnite. La construction libanaise doit donc être réformée pour tenir compte des réalités. Mais les élites ne sont pas prêtes à renoncer à leurs avantages économiques et politiques. Au lieu de négocier la transformation du système, elles s’arc-boutent sur leurs privilèges au risque d’un affrontement avec les forces réformatrices, regroupées au sein du Mouvement national. Ce dernier, quant à lui, cherche à créer le rapport de forces le plus favorable possible pour obtenir la laïcisation de l’État : il fait donc tout pour entraîner les fedayin à ses côtés dans cette bataille. Si la direction de l’OLP est consciente du danger, le FPLP et le FDLP foncent tête baissée dans le piège qui leur est tendu. Les Phalangistes en appellent à la Syrie, qui intervient le 1er juin 1976, écrase le Mouvement national et les Palestiniens, avant de se retourner contre ceux qui l’avaient appelée. Les troupes de Damas sont d’ailleurs toujours là, vingt-six ans après...

On n’a pas le temps de faire ici l’histoire de la guerre civile libanaise. La fusillade dont un bus palestinien est victime dans le faubourg d’Aïn Al Remmaneh, le 13 avril 1975, marque le début de quinze années de combats sanglants, dont les Palestiniens sont parmi les premières victimes, du massacre de Tall Al Zaatar pendant l’été 1976 par les Syriens et des Phalangistes, à celui de Sabra et Chatila en 1982 par les milices chrétiennes sous les yeux d’Ariel Sharon...


17 MAI 1977 : La victoire du Likoud en Israël

On a parfois la tentation de considérer le Parti travailliste et le Likoud comme « blanc bonnet et bonnet blanc ». Comme toutes les formules simplistes, celle-ci n’aide pas à comprendre. Ainsi la victoire de la droi- te et de l’extrême droite en 1977, pour la première fois dans l’histoire d’Israël, marque un tournant redoutable pour les Palestiniens.

Certes, le Parti travailliste est l’héritier de la ligne nationaliste de David Ben Gourion. À partir de 1967 notamment, il assume l’occupation et la colonisation de Jérusalem-Est, de la Cisjordanie et de la bande de Gaza - comme celles du Golan. Mais Menahem Begin, après la victoi- re du Likoud aux élections législatives le 17 mai 1977, radicalise tous azimuts la politique du gouvernement travailliste :
il intensifie la colonisation dans tous les Territoires occupés - et plus seulement dans les « zones de sécurité ». Lors de l’arrivée au pouvoir de Itzhak Rabin, quinze ans plus tard, on compte 110 000 colons en Cisjordanie, 120 000 à Jérusalem-Est, 4 000 à Gaza, 12 000 dans le Golan ;
le chef du Likoud multiplie les opérations militaires ou répressives contre la Résistance palestinienne, depuis la première intervention massive au Sud-Liban en 1978 jusqu’à l’invasion totale du Liban en 1982, en passant par la répression extrêmement violente de l’in- surrection des Territoires occupés de mai 1981 ;
car le projet de Menahem Begin va bien au-delà de ceux de ses prédécesseurs : il affirme clairement sa volonté de réaliser Eretz Israël - le Grand Israël.

Le gouvernement du Likoud est d’autant plus inquiétant, qu’il sait conjuguer une plus grande fermeté sur les principes et une plus gran- de souplesse quant à la tactique. Le meilleur exemple est celui des négociations entre Israël et l’Égypte, sous l’égide des États-Unis, à Camp David.


17 SEPTEMBRE 1978 : Les accords de Camp David

Le 19 novembre 1977, Sadate effectue une visite surprise à Jérusalem. Le raïs égyptien estime avoir remporté une victoire psy- chologique suffisante lors de la première phase de la guerre du Kippour, en octobre 1973, pour rechercher avec Israël la paix dont son pays a besoin.

Pendant un temps pris à contre-pied, Begin se ressaisit et exploite à fond le désir de Sadate et du président Carter d’aboutir à un accord rapide. Sachant que les questions de l’arrêt de la colonisation, du retrait israélien de la Cisjordanie et de Gaza et de l’autodétermination des Palestiniens sont les plus difficiles pour lui, il focalise les négocia- tions sur... ce qui n’est pas négociable : le retrait évident d’Israël du Sinaï et la normalisation, évidente en cas d’accord de paix, des rela- tions égypto-israéliennes. Il obtient ainsi la dissociation des deux dos- siers : le document de Camp David du 17 septembre 1978 comprend deux « accords-cadres » :
le premier concerne la conclusion de la paix entre l’Égypte et Israël qui aboutira effectivement au traité du 26 mars 1979. L’Égypte récu- pérera le Sinaï le 25 avril 1982, en échange de la normalisation entre les deux pays ;
en revanche, dans le second texte consacré aux Palestiniens, si Israël a dû accepter la mention de la résolution 242, le processus proposé est mort-né, et c’est en vain que l’Égypte tente d’entraîner la Jordanie et l’OLP dans la négociation.

Ainsi Menahem Begin a obtenu en échange du Sinaï - secondaire pour Israël - quelque chose au contraire essentiel pour lui : une paix séparée qui élimine le risque d’une guerre sur plusieurs fronts. Pour preuve : un mois et demi après la normalisation égypto-israélienne, le 25 avril 1982, Tsahal se lance dans l’invasion du Liban.


6 JUIN 1982 : L’invasion du Liban par Israël

« Paix en Galilée » est le nom officiel de l’opération déclenchée le 6 juin 1982 par Israël au Liban pour y liquider la structure politico-militaire de l’OLP. Mais la fiction d’une intervention limitée à quarante kilomètres au nord de la frontière libano-israélienne ne tient pas longtemps : sur ordre du ministre de la Défense, Ariel Sharon, Tsahal remonte jusqu’à Beyrouth.

Mais, contrairement aux espoirs des organisateurs, l’opération s’en- lise. Non seulement le siège de Beyrouth dure plus de deux mois, mais les fedayin ont déjà embarqué sous la protection de la Force multina- tionale dans des bateaux français, le 30 août, lorsque les Israéliens pénètrent dans la capitale libanaise, le 15 septembre. La veille, l’hom- me des Phalanges et d’Israël, Bechir Gemayel, a été assassiné. Le len- demain, commencent les massacres des camps palestiniens de Sabra et de Chatila par les hommes (si on peut dire) des Forces libanaises et de l’Armée du Liban sud, sous les yeux de l’état-major israélien. Pour l’État juif, l’aventure libanaise se transforme en un bourbier sanglant, coûteux humainement et désastreux politiquement. Il suffit de comparer les objectifs affichés et les résultats :

Ariel Sharon voulait mettre en place un Liban avec un gouverne- ment fort, à direction chrétienne, capable de sortir le pays de la guerre civile et de signer une paix durable avec Israël. Or l’accord de paix israélo-libanais du 17 mai 1983 ne durera pas plus long- temps que le pouvoir d’Amine Gemayel.

Ariel Sharon voulait « détruire totalement et pour toujours les terroristes de l’OLP. » Or, si la centrale palestinienne a perdu beaucoup de com- battants, si elle est privée de son quasi-État et dépossédée de sa dernière base proche des masses palestiniennes, c’est-à-dire des Territoires occupés, elle n’est pas pour autant détruite.

Ce qui explique pourquoi, trois ans après, Israël finit par se replier sur la bande dite « de sécurité », au Sud-Liban, avec des pertes considé- rables : des centaines de morts, des milliers de blessés, des milliards de dollars gaspillés, sans compter la dégradation de l’image de l’État juif à l’étranger.

Pour les Palestiniens, la leçon est claire : ils ne remporteront pas le combat pour l’autodétermination ailleurs qu’en Palestine même. Ce n’est pas un hasard si, deux ans après le repli israélien du Liban, l’Intifada se déclenche.


7 DÉCEMBRE 1987 : Le déclenchement de l’Intifada

À Gaza, le 7 décembre 1987, un accident de circulation entre un véhicule israélien et un taxi collectif palestinien, dont deux occupants meurent, met le feu aux poudres. Le soulèvement durera trois ans, malgré une répression brutale - mais sans commune mesure avec la répression actuelle.

Avec le recul, l’Intifada représente le bond qualitatif le plus important du mouvement palestinien depuis 1967. C’est un mouvement populaire massif et non armé, de longue durée, dont les effets se font sentir :

sur l’opinion israélienne qui, comprenant que le statu quo n’est pas durable, vit une lente bipolarisation : une fraction minoritaire opte pour l’annexion des Territoires occupés et même pour le « transfert » de leurs habitants, mais une majorité choisit la recherche d’une paix de compromis ;

sur la stratégie de la Jordanie, où le roi Hussein renonce au rêve de récupérer la Cisjordanie conquise par son grand-père Abdallah et perdue en 1967 ;

sur l’OLP elle-même, qui est transformée, par la décision jorda- nienne de renoncer à la Cisjordanie, en interlocuteur incontour- nable pour Israël et la communauté internationale ;

sur l’opinion internationale qui est choquée par le spectacle d’une armée puissante réprimant durement des jeunes ne lançant - à l’époque - que des pierres.

D’autant que les Palestiniens lui donnent un débouché politique avec le Conseil national palestinien d’Alger de novembre 1988, qui franchit un triple pas :

il proclame l’État indépendant de Palestine ;

il accepte comme bases de règlement les résolutions des Nations unies : la résolution 181 de l’Assemblée générale de 1947 (partage), la 242 du Conseil de sécurité de 1967 (échange de territoires contre la paix) et la 338 du Conseil de sécurité de 1973 qui actualise la précédente ;

il condamne explicitement toute forme de terrorisme.

La reconnaissance d’Israël sera confirmée le 15 décembre 1988 par Yasser Arafat devant l’Assemblée générale des Nations unies, réunie à Genève. Les États-Unis lui ayant demandé de traduire explicitement la déclaration du Conseil national palestinien, le chef de l’OLP prononce les mots magiques. Ceci provoque un véritable bouleversement du paysage proche-oriental :

le soutien à l’Intifada grandit, l’État de Palestine, proclamé à Alger, est reconnu à l’époque par quatre-vingt-dix pays, c’est-à-dire plus que le nombre de pays qui reconnaissaient l’État d’Israël ;

le président Ronald Reagan annonce l’ouverture du dialogue américano-palestinien ;

les dirigeants israéliens, de plus en plus isolés, entament une longue période de résistance, puis Itzhak Shamir, qui dirige le gouvernement israélien, essaye de manoeuvrer en retrait pour éviter les plans américains de paix successifs. Itzhak Shamir disait à propos du plan Shultz (secrétaire d’État de Ronald Reagan) : « Je suis d’accord sur un seul point, la signature ! »

Cette impasse au Proche-Orient favorise les plans de Saddam Hussein qui espère en profiter pour assurer le leadership de l’Irak sur la région. D’où la crise puis la guerre du Golfe, après laquelle seulement on reviendra à la négociation interrompue à laquelle Israël devra cette fois participer.


30 OCTOBRE 1991 : La Conférence de Madrid

Malgré la survie de la dictature de Saddam Hussein, la guerre du Golfe se solde pour les États-Unis par une grande victoire :
ils ont réaffirmé leur leadership mondial et régional face au défi de l’Irak, mais aussi de l’URSS en décomposition et des Occidentaux qui sont contraints de suivre leur grand allié. James Baker parle du « test politique de l’après-guerre froide. L’Amérique doit diriger » ;

ils ont commencé à redessiner politiquement la carte du Proche- Orient en leur faveur avec la vaste alliance anti-irakienne ;

ils ont renforcé leur mainmise sur le pétrole (la région détient 65 % des réserves mondiales).

Ces modifications fondamentales entraînent un infléchissement stratégique dans la politique américaine. Certes, Israël demeure l’allié le plus puissant, le plus fiable et le plus durable. Mais cette alliance est relativisée par la disparition de la « menace » soviétique. La priorité pour Washington est désormais la stabilisation des acquis de la guerre du Golfe. Or le « consensus stratégique », dont l’Amérique a toujours rêvé au Proche-Orient, achoppe comme toujours sur le conflit israélo- arabe, donc en dernier ressort sur le problème palestinien.

D’où la pression sans précédent des États-Unis sur Israël pour négocier un compromis. Avec deux atouts : l’affaiblissement du lobby pro-israélien en Amérique et la dépendance croissante de l’État juif vis-à-vis des États-Unis du fait du coût fantastique que représente l’in- tégration des juifs qui arrivent de l’Union soviétique.

Un an, jour pour jour, après l’occupation du Koweït, Itzhak Shamir est contraint d’accepter le principe de la conférence de paix proposée par les États-Unis, avec une participation palestinienne au sein d’une délégation commune avec la Jordanie. Malgré cette limite, l’ouverture de la conférence de Madrid, le 30 octobre 1991, marque une victoire historique pour les Palestiniens puisque, pour la première fois, ils se retrouvent aux côtés des autres délégations arabes pour négocier avec Israël une paix fondée sur le retrait de celui-ci des Territoires occupés en échange de la normalisation des relations.

Ces négociations bilatérales et multilatérales officielles s’enlise- ront, mais elles déboucheront sur des tractations, secrètes, à Oslo.


13 SEPTEMBRE 1993 : L’accord d’Oslo

C’est une des images les plus fortes de l’histoire du Proche-Orient : la poignée de mains d’Itzhak Rabin et de Yasser Arafat, sous le regard de Bill Clinton, sur la pelouse de la Maison-Blanche.

La déclaration de principes sur l’autonomie qu’ils viennent de para- pher représente, malgré les limites qui reflètent les rapports de forces très défavorables aux Palestiniens, une triple avancée :

pour la première fois, Israël et l’OLP se reconnaissent mutuelle- ment. C’est une nouveauté absolue pour le gouvernement israé- lien, alors que le Conseil national palestinien, lui, avait franchi ce pas en 1988 ;

les deux signataires affirment vouloir mettre en place une autono- mie palestinienne transitoire dans les Territoires occupés par Israël en 1967 ;

ils conviennent théoriquement de trouver une solution définitive, dans les cinq ans, aux questions cruciales qui sont nommées dans le texte : statut, frontières, territoires, avenir des colonies juives, sort des réfugiés, sans oublier Jérusalem.

Ce cadre se remplit avec l’accord du Caire, dit Oslo I, en mai 1994, dont l’application commence sur le terrain au début de 1995. L’armée israélienne se retire progressivement des grandes villes palesti- niennes. Yasser Arafat est élu démocratiquement président, à la tête d’un Conseil législatif qui est majoritairement acquis au Fatah. L’Autorité palestinienne se met en place.

Une nouvelle étape est franchie le 28 septembre 1995, avec la signature à Taba d’un nouvel accord, dit Oslo II. Mais cet accord ne sera jamais appliqué puisque, un mois plus tard, le Premier ministre israé- lien est assassiné.


4 NOVEMBRE 1995 : L’assassinat d’Itzhak Rabin

A-t-il été victime d’un individu isolé ? Ou d’un complot par les ennemis de la paix avec la complicité des responsables des services secrets israéliens ? En tout cas, la droite et l’extrême droite menaient depuis des mois une campagne hystérique contre Oslo et contre son signataire israélien, n’hésitant pas à le dépeindre en uniforme SS.

Avec le recul, il est clair que ce drame a condamné à terme le pro- cessus de paix. Les circonstances tragiques de la mort d’Itzhak Rabin ne justifient bien sûr pas qu’on le présente sous les traits d’un pacifis- te de toujours : il a été successivement un des acteurs majeur de l’ex- pulsion des Palestiniens en 1948, le dirigeant des principales guerres d’Israël et le chef de la répression de la première Intifada. Mais le vieux général avait tiré des leçons de l’impasse de l’occupation et choisi cou- rageusement d’essayer d’en sortir.

Son successeur, Shimon Peres, va, lui, se suicider politiquement. Le 5 janvier 1996, en période de calme, il donne le feu vert à l’exécution de l’« ingénieur » du Hamas, Yehia Ayache. Le mouvement islamiste riposte par une vague d’attentats terroristes en Israël. Tel-Aviv répond par le blocus des Territoires. Le Hezbollah libanais envoie, par solida- rité, des roquettes sur l’État hébreu. Lequel déclenche l’opération des « Raisins de la colère » et commet une « bavure » meurtrière à Canaa. Le résultat, c’est que la droite et l’extrême droite remportent, avec Benyamin Netanyahou, les élections du 29 mai 1996.

À l’exception de l’arrangement de Hebron, le nouveau Premier ministre va bloquer toute négociation sérieuse avec les Palestiniens. Trois ans après, Benyamin Netanyahou est battu par Ehud Barak. Pour la troisième fois en sept ans, la majorité des Israéliens bascule.


25 JUILLET 2000 : L’échec de Camp David

Le nouveau Premier ministre va hélas décevoir les espoirs de paix qui ont été placés en lui. Pendant un an durant, Ehud Barak reporte aussi bien le troisième redéploiement de l’armée israélienne des Territoires occupés que les négociations sur le statut final, qui auraient dû commencer en 1996 !

Lorsque il se tourne enfin, au printemps 2000, vers les Palestiniens, c’est après l’échec de ses négociations avec la Syrie, et le fossé entre les positions des deux parties est très profond. C’est pourquoi Yasser Arafat propose de reporter le sommet. Mais le président Clinton tient à conclure ses deux mandats sur un succès international. Et Ehud Barak rêve d’imposer, grâce à cette situation d’urgence, ses propositions aux Palestiniens, en sous-estimant une donnée fondamentale : cette fois, l’accord n’est pas intérimaire, mais définitif.

Les trois parties se retrouvent donc à Camp David le 11 juillet pour se séparer, deux semaines plus tard, sur un constat d’échec. L’explication souvent donnée est simple, pour ne pas dire simpliste : Ehud Barak a fait une « offre généreuse », et Yasser Arafat l’a refusée. Les propositions de Ehud Barak vont effectivement plus loin qu’aucun de ses prédécesseurs n’avait été. Mais pas assez loin, ni du point de vue du droit international, ni au regard des conditions nécessaires à la créa- tion d’un État palestinien réellement indépendant et viable :

il aurait, dit-on, promis le retrait de 90 % de la Cisjordanie, mais ce chiffre « oublie » la région de Jérusalem, la vallée du Jourdain et le territoire contrôlé par les colonies (42 % de la Cisjordanie). Surtout, les zones qu’Israël prétend annexer pour regrouper 80 % des colons coupent la Cisjordanie en trois morceaux discontinus ;

sur Jérusalem, il n’y a pas d’avancée décisive. La fameuse déclaration sur le partage de la souveraineté n’interviendra que le 29 septembre ;

de même, sur le sort des réfugiés, il n’y a pas un millimètre d’avan- cée dans les positions de Ehud Barak à Camp David.

Bref, c’était l’échec annoncé. Malgré la campagne qui a été développée pour en faire porter la responsabilité aux Palestiniens, les faits sont têtus. L’OLP a fait en 1988, en reconnaissant Israël, le principal compromis, puisqu’elle lui a abandonné 78 % de la Palestine mandataire. Et c’est sur les 22 % restants que Ehud Barak exige de nouvelles concessions.

Le Premier ministre israélien pouvait-il aller plus loin ? L’Histoire a tranché : la délégation israélienne est allée beaucoup plus loin cinq mois plus tard lors des négociations de Taba en janvier 2001. Les minutes de l’envoyé spécial de l’Union européenne, Miguel Angel Moratinos, comme les témoignages de plusieurs négociateurs palestiniens et israéliens, confirment que les deux parties ont approché, sur la base des propositions du président Clinton, un accord sur toutes les questions, même sur celle des réfugiés. Hélas, Taba était inutile, Ehud Barak ayant décidé de démissionner, provoquant des élections anticipées en février. C’était un véritable suicide politique pour lui et pour la « gauche » : au lieu de miser sur la conclusion d’un accord à Taba et de se donner quelques mois pour convaincre l’opinion israélienne, le Premier ministre s’est lancé dans un affrontement avec la droite, sans la moindre alternative à la politique de force qu’incarne Ariel Sharon. Le piège qui a été tendu par le vieux général en montant sur l’esplanade des mosquées, le 28 septembre 2000, se referme. Le 6 février 2001, Ariel Sharon est élu Premier ministre d’Israël. La suite est - hélas ! - connue...


Conclusion

En conclusion, je voudrais seulement insister sur un point : les Palestiniens, bien sûr, sont les premières victimes de ce conflit interminable. Sur les quelques deux mille cinq cents victimes recensées de l’Intifada, mille neuf cents sont palestiniennes et six cents israéliennes. Mais le rapport de forces militaire écrasant dont jouit Israël ne doit pas dissimuler les risques majeurs qu’il court aussi à terme. La nature même du conflit est en train de changer. Car il a pris, avec la seconde Intifada et la répression brutale, un tour inconnu depuis 1948 : « On a le sentiment, observait l’historien israélien Tom Segev, de revenir à l’époque du Mandat britannique, qui a précédé la création de l’État d’Israël, où deux communautés s’affrontaient par les armes ». Les vingt-quatre mois écoulés depuis le 28 septembre 2000 préfigurent ce que risque de devenir la bataille de Palestine : une guerre civile, tantôt larvée, tantôt généralisée, entre deux populations imbriquées. Au coeur d’une telle mêlée, la clé de la victoire a pour nom : démographie. Or, dans le « Grand Israël », cher au chef du Likoud, les Arabes deviendront majoritaires en 2010 ; et, en 2020, ils seront 8,1 millions contre 6,7 millions de Juifs. Et cette majorité deviendra vite écrasante.

À défaut d’une immigration juive massive vers Israël, peu vraisemblable malgré l’exploitation cynique que font certains dirigeants israéliens de toutes les manifestations antisémites, Israël, « État juif et démocratique », fera donc face à une contradiction stratégique majeure :

soit il choisira la démocratie, donc il accordera le droit de vote à tous les habitants, auquel cas ce ne sera plus un État juif ;

soit il tiendra à préserver son caractère juif, auquel cas il ne pourra pas être démocratique.

Pis : l’imposition de la loi juive à une majorité arabe, sans cesse plus large, exigera l’instauration d’un véritable apartheid. Ce qui provoquera des soulèvements plus puissants encore que l’actuel, auxquels l’armée israélienne réagira par une répression dont le présent massacre ne représente qu’un avant-goût. Ce scénario comporte une fin possible : l’écrasement des Palestiniens, mais aussi la disparition de l’État d’Israël.

Paradoxalement, quatre-vingt-cinq ans après la « déclaration Balfour », la création d’un État palestinien indépendant et viable est seule à même de sauvegarder la survie d’Israël, en tout cas son caractère juif...

Cela n’est bien évidemment pas le choix d’Ariel Sharon. Il rêve d’une autre solution : l’expulsion de centaines de milliers de Palestiniens, qui repousserait de plusieurs décennies la menace démographique et perpétuerait l’occupation et la colonisation. N’estce pas à cela qu’il pense lorsqu’il répète inlassablement, depuis son élection : « La guerre de 1948 n’est pas terminée. »

Certes, la réédition des opérations d’expulsion d’il y a quarante- quatre ans n’est pas simple, ni militairement, ni politiquement. Mais il y a de quoi s’inquiéter :

l’omniprésence du thème du « transfert » dans les médias et le débat politique israéliens ;

les progrès sensibles du projet de transfert dans l’opinion israélienne : selon un récent sondage du Jaffe Studies Center de Tel- Aviv, 46 % des Israéliens acceptent l’expulsion des Palestiniens des Territoires occupés et 31 % l’expulsion des Palestiniens de l’État d’Israël ;

le sens de l’opération « Rempart ». Certes, elle était destinée, comme tous les observateurs l’ont souligné, à porter des coups décisifs à l’Autorité palestinienne. Mais on n’a pas assez dit que la destruction systématique de toutes les infrastructures, les couvre-feux permanents, les humiliations... avaient aussi pour but de rendre la vie impossible aux Palestiniens et de les pousser ainsi au départ - non sans succès : on estime à plusieurs dizaines de milliers le nombre de Palestiniens - notamment de jeunes, de cadres, de buisnessman, qui ont quitté les Territoires occupés depuis deux ans.

Il faut absolument mobiliser contre ce risque d’une nouvelle catastrophe. Et la campagne contre la guerre américaine est inséparable de la bataille contre la menace d’une nouvelle expulsion massive.